Alors que le père de la jeune India Stoker décède dans des circonstances plus qu’étranges, son frère, un dénommé Charlie, dont elle ignorait l’existence, apparait pour les funérailles et décide de rester auprès de la famille. Bel homme à l’aspect mystérieux, il ne laisse pas de marbre Evelyn, la mère instable d’India. Bien que troublée elle aussi par cet oncle pas comme les autres, India le soupçonne de ne pas avoir que de bonnes intentions…
Déjà auteur et réalisateur du splendide Old Boy, Park Chan-Wook confirme la singularité du cinéma coréen avec cette oeuvre à mi chemin entre le polar et le fantastique. Ce récit d’une famille dysfonctionnelle (c’est rien de le dire) déroute d’emblée par son scénario atypique, son prologue baigné d’étrangeté et ses personnages troubles, voire carrément malsains. Toujours très à cheval sur le style, le cinéaste met l’accent sur une esthétique virtuose, des images léchées, et dote son conte amoral d’une sensualité vénéneuse. Pour son premier essai hollywoodien, le coréen emprunte beaucoup à Hitchcock, non seulement dans le suspense brillamment mis en place, dans l’ambiance angoissante et bizzaroïde, et jusqu’au nom du personnage masculin principal -Charlie- faisant référence indirectement à l’Oncle Charlie de L’Ombre d’un Doute du même Sir Alfred. Même allure élégante et séduisante cachant en fait des abîmes de noirceur, en débarquant dans cette famille endeuillée et donc vulnérable.
La beauté plastique du film ne fait aucun doute et Park Chan Wook sait intriguer tout en offrant des plans soignés et surtout il conduit sa narration en envoutant le spectateur, l’attirant dans des filets, où il perd pied avec la réalité. Une certaine lenteur déplaira aux amateurs de genre policier classique, et ce même si la seconde partie s’avère moins complexe, en tout cas plus accessible à tous. Du côté de l’interprétation, la jeune australienne Mia Wasikowska (au physique particulier) joue parfaitement l’héroïne fascinée, cachant elle aussi un penchant mortifère très marqué, le moins connu Matthew Goode incarne l’oncle malfaisant avec une décontraction dérangeante, tandis que Nicole Kidman excelle dans un rôle plus conventionnel de veuve en admiration devant son beau frère. Stoker distille un parfum de perversion jusqu’à un final aussi glaçant que jouissif. Pour peu que l’on aime être un peu bousculé…
ANNEE DE PRODUCTION 2013.