La soirée mouvementée d’un restaurant gastronomique londonien lors du « Magic Friday », le vendredi précédant le soir de Noël…
Oeuvre très originale, The Chef a été présenté dans divers festivals et remporté un vif succès auprès de la critique. Pour son tout premier long métrage, l’anglais Philip Barantini nous plonge dans les coulisses d’un grand restaurant gastronomique, tenu par un chef étoilé au bord du burn out et tentant malgré tout de diriger son équipe sans faillir. L’action se déroule en temps réel, de la prise de service des employés jusqu’au bout de la soirée très « speed » qu’ils vont vivre, au rythme effréné d’une caméra à l’épaule, à l’affût de chaque « événement » notable. Le réalisateur mène son récit au cordeau et surtout utilise une technique « casse gueule »: celle du plan séquence! Tourné d’une traite, The Chef décrit la tension et la pression subie par cette équipe, en cuisine, en salle, du plus petit commis au plus haut gradé, dans un bal filmique soutenu et apportant une énergie folle à l’ensemble. Cette prouesse s’accompagne d’une volonté de suivre chacun des protagonistes et leur façon de travailler, même si tout gravite autour du maître d’oeuvre, le chef du resto, véritable « mur porteur » de ce bateau infernal, dont on découvre aussi progressivement les faiblesses. La mécanique, fort bien huilée, emballe le spectateur dès les premières minutes, puis la rapidité du déroulement finit par donner un peu le tournis, ce qui est sans doute la « limite » du film.
Barantini fut lui même employé dans un restaurant dans sa vie passée et force est de reconnaitre qu’il sait de quoi il parle, d’où un réalisme indéniable, offrant à ce huis clos une véracité puissante. L’implication des comédiens ajoute un vrai plus à ce projet, ils semblent presque tous « du métier » et font de leur prestation un quasi documentaire. Stephen Graham, excellent acteur britannique vu dans Snatch, Public Enemies ou The Irishman, porte le rôle principal sur ses épaules avec un réel talent d’incarnation. On peut reprocher au film d’alimenter un certain stress lié à l’intrigue et de ne jamais laisser un instant de répit, tel un thriller haletant, alors qu’il s’agit surtout d’un drame humain et professionnel, comme en vivent des millions de gens en ces temps de rentabilité et d’obligations de résultats.
ANNEE DE PRODUCTION 2021.
