Le jeune Sammy Fabelman tombe amoureux du cinéma après que ses parents l’on emmené voir « Sous le plus grand chapiteau du monde ». Armé d’une caméra super 8, Sammy commence à faire ses propres films à la maison, pour le plus grand plaisir de sa mère qui le soutient inconditionnellement…
Après plus de 50 ans d’une carrière gigantesque, constituée autant de films à grand spectacle que d’oeuvres plus intimistes, Steven Spielberg se raconte enfin dans ce nouvel opus, aux accents un peu testamentaires, où il évoque à la fois sa vocation de cinéaste, sa jeunesse passée à Phoenix Arizona et ses parents et leur vie de couple chaotique. L’auteur de E.T met en place un récit plein de lyrisme, sans perdre de vue le vécu des situations, et évite le piège tentant des larmes faciles, lorsque l’on se retourne sur son propre passé et que la nostalgie nous gagne. The Fabelmans touche par son aptitude à transmettre l’amour du cinéma et rend un hommage vibrant au pouvoir fascinant des images, avec l’aide d’une mise en scène sobre et empreinte d’une belle simplicité. Spielberg revient donc à ses chères années 50, quand la télévision n’avait pas encore tout à fait enterré la passion du grand écran dans le coeur du public, et l’apprentissage qu’il fit de son futur métier. Une large part de son scénario s’épanche sur sa relation avec sa mère et le « secret » qu’ils partagèrent pendant longtemps, réalisant du coup un drame familial universel dans lequel beaucoup s’identifieront.
Avec un classicisme élégant, le réalisateur de 76 ans offre donc ce voyage introspectif, délivré avec une émotion diffuse et bien réelle, dont l’apogée est atteinte dans deux séquences magnifiques (la dernière face à son père, juste après le départ de la maman, et la rencontre avec un de ses maitres John Ford, incarné par David Lynch!, lui prodiguant un conseil aussi court qu’inattendu). La qualité des interprètes compte sans nul doute beaucoup dans la réussite de ce métrage: Michelle Williams tient quasiment le premier rôle finalement tant la mère étend toute son influence et compose une prestation très intense (Un Oscar l’attend peut être?), Paul Dano, un superbe acteur plus habitué aux seconds rôles, campe le père effacé et ravalant son amour de mari trompé et confirme sa profondeur. Le tout jeune Gabriel LaBelle se glisse dans la peau de Spielberg adolescent. Avec cette oeuvre si personnelle, le réalisateur de La Liste de Schindler se met littéralement à nu et devrait logiquement en être récompensé.
ANNEE DE PRODUCTION 2023.