Une étrange substance crémeuse, baptisée le Stuff, rendant dépendants ceux qui la consomment et surtout les bouffent de l’intérieur, fait un véritable tabac aux Etats Unis. Face à la menace, un groupe de citoyens fait bloc pour éradiquer le produit et alerter contre son danger mortel…
Après son hit mondial, Le Monstre est vivant, Larry Cohen échafauda une carrière dans le Bis pour pouvoir tourner ses scénarios les plus délirants avec un minimum de budget, s’éloignant toujours un peu plus du cinéma mainstream. Ce créateur de concepts singuliers imagine au mi temps de la décennie 80 un script racontant l’histoire de yaourts qui… tuent! Prenant le contrôle des familles américaines raffolant de ce produit aussi nocif qu’addictif, la substance aux origines probablement extraterrestre se répand dans tout le pays, au point que plus personne ne désire avaler autre chose! Cohen pousse loin son imagination et entre science fiction foutraque et comédie horrifique, ce Stuff se trouve à la croisée de plusieurs genres, évidemment sans jamais se prendre au sérieux et en cultivant un humour décalé constant. Les idées en terme de mise en scène ne manquent pas et Cohen contourne sans cesse les maigres moyens pour donner à ce film ultra cheap un aspect « publicitaire ». D’ailleurs, l’air de rien, il s’autorise une critique de la consommation de masse et du pouvoir néfaste des médias sur la population influençable. Comme dans la majorité de ses productions, le pessimisme ambiant prend toute la place et les individus les plus abjects grouillent: quelque chose de l’Invasion des Profanateurs de Don Siegel (immense classique du genre) se ressent tout du long.
Parmi les autres influences de Cohen, on peut noter Le Blob (même si le remake de ce dernier ne fut tourné que trois ans après), la matière gélatineuse avalant les malheureux terriens ressemblait assez à l’épaisse crème fouettée dégoûtante que l’on peut voir ici. Alors au résultat, il faut bien se rendre à l’évidence: The Stuff se dépatouille comme il peut entre des moments rigolos et improbables et d’autres carrément consternants. En matière de casting, des têtes connues habituées à l’univers de Cohen comme Michael Moriarty et puis des acteurs chevronnés comme Paul Sorvino ou Danny Aiello, égarés là, loin de leurs emplois fréquents de mafieux. Bien que les effets spéciaux soient aussi ratés que datés, on peut aisément se laisser tenter par ce yaourt filmique… mais gare à ne pas en abuser!
ANNEE DE PRODUCTION 1985.