Tracy a 13 ans et vit seule avec sa mère et son frère. Du jour au lendemain, les fringues, le look et le regard des autres deviennent ses premières préoccupations. Tracy se cherche un modèle et une amie. Evie Zamora, la fille la plus sexy et la plus populaire du lycée sera son mentor. Relookée, tatouée, langue et nombril percés, l’adolescente se découvre un monde nouveau: celui de tous les interdits. Sa mère constate progressivement sa dérive, mais saura t’elle reprendre sa fille en main?
Le cinéma indépendant américain regorge de talents bruts qui ne demandent qu’à éclater. C’est le cas de cette jeune réalisatrice, Catherine Hardwicke, auteur d’un scénario sur la dérive d’une adolescente, influencée par une autre fille de son âge, l’entrainant dans l’alcool, la drogue, le sexe facile et même le vol pour s’acheter les sapes à la mode. Les tourments de cette jeune fille, à peine sortie de l’enfance, ont tout de suite quelque chose d’authentique dans le traitement qu’en donne la cinéaste. Elle traque le réel, la vérité crue de ses personnages, évite les séquences pathos et va directement à l’essentiel. Elle montre le basculement hyper rapide que l’ado opère: de sage et rangée à rebelle et incontrôlable, la métamorphose paraît aussi radicale qu’exagérée. Pourtant, tout sonne juste: le mal être de cette gamine qui va jusqu’à s’automutiler, le rapport étroit qu’elle entretient avec sa mère qui l’élève seule, l’absence cruelle de la figure paternelle expliquant en partie son besoin de vouloir grandir plus vite et mal.
Ce drame psychologique secoue et touche par sa façon de raconter ce qu’être adolescent veut dire aujourd’hui. Un peu à la manière de Larry Clark, avec peut être moins de violence (encore que…). Hardwicke utilise une caméra à l’épaule, ce qui rend son film plus vivant, plus bouillonnant et se rapproche ainsi du cinéma vérité. Le jeu très précis de la jeune Ewan Rachel Wood est remarquable, tandis qu’Holly Hunter compose un personnage de maman dépassée par les événements très émouvant, d’autant qu’elle voit les choses à retardement et réalise combien sa fille a vrillé net. Depuis sa performance dans le sublime Leçon de Piano, elle n’avait pas eu un aussi beau rôle à défendre. Entre la jeune lolita précoce et la mère trop « bonne copine », le courant électrique va faire des étincelles. Bien que la fin soit trop conventionnelle et un poil artificielle, Thirteen mérite qu’on s’y arrête attentivement. Prix du Jury à Deauville et à Sundance.
ANNEE DE PRODUCTION 2003.