Elevée à Nutbush, en plein coeur du Mississipi, Anna Mae Bullock grandit dans une famille désunie, ses parents l’abandonnant à un jeune âge. Après la mort de sa grand mère, elle s’installe à St Louis. Tentant de devenir une chanteuse professionnelle, elle va voir le musicien Ike Turner se produire sur scène. Elle gagne sa place auprès de lui et intègre son groupe, et elle prend le pseudonyme de Tina. Une romance commence bientôt à naitre entre eux…
Derrière la caméra, Brian Gibson, un piètre réalisateur américain, sans talent particulièrement notable. Il propose à la fois un biopic sur le parcours de Tina Turner, un mélodrame sur une femme battue et soumise à un mari violent et une évocation des grands moments musicaux jalonnant la carrière de la chanteuse à la crinière de lionne. Avec son acolyte Ike, pendant plus de 15 ans, puis sans lui lorsqu’elle a réussi à se libérer de son joug. Adapté de l’autobiographie de la star, Gibson prend des libertés avec la réalité et en rajoute un brin dans les séquences de violence conjugale, donnant du coup une vision un peu lourde et schématique. Ce qui est intéressant, c’est qu’une production américaine destinée au grand public ose parler de ce sujet délicat, aujourd’hui devenu tristement « à la mode ». La partie la plus endiablée et la plus marquante reste les nombreux passages musicaux, des débuts dans le genre blues, jusqu’aux tubes de rock n’roll de la décennie 80.
Gibson use de raccourcis simplistes et de facilité de scénario, afin de mettre surtout l’accent sur l’aspect scénique, pour impulser une bonne dynamique à son biopic, aussi conventionnel soit il! C’est aussi le récit d’une résilience, le combat d’une femme pour sa dignité et chèrement gagner son indépendance et son droit de créer. Dans le rôle titre, Angela Bassett compose une prestation tout à fait crédible, incarnant l’artiste électrisante avec une belle conviction. Lawrence Fishburne, quant à lui, campe l’odieux Ike Turner, entre ombres et lumière, et parvient à exister devant le charisme de sa partenaire. On a vu biopic plus complexe et plus travaillé, mais ce Tina fait tout de même passer deux heures fort plaisantes.
ANNEE DE PRODUCTION 1993.