Touko Laaksonen, engagé en tant qu’officier contre l ‘Union Soviétique durant la seconde guerre mondiale, est de retour en Finlande. Dessinateur talentueux, il déniche un travail de graphiste au sein d’une agence de publicité, dans laquelle sa soeur a également une place. Alors que durant les années 50 et 60, la persécution contre les homosexuels fait rage, Touko est obligé de taire ses préférences, et cache toute sa production de dessins homo érotiques. Bientôt, c’est aux USA qu’il va être remarqué et obtenir le pseudonyme de Tom Of Finland…
Cette oeuvre finlandaise signée Dome Karukoski retrace l’itinéraire du grand dessinateur du mouvement gay Tom Of Finland, connu dans la communauté pour ses croquis érotiques et même pornographiques, mettant en scène des hommes virils, musclés, souvent vêtus de cuir, de bottes ou simplement nus. Des représentations audacieuses et osées parues dans une époque où les gays étaient encore humiliés, rejetés et bannis de la société. Se pencher sur la vie de cet artiste controversé est en soi un acte de courage, et le cinéaste s’applique à retracer le parcours d’un homme, d’abord traumatisé par son expérience au cours de la Guerre, qui se révèle à lui même en développant son talent pour le dessin. On assiste à un portrait sensible, épuré, et honnête d’une figure emblématique de l’Art homosexuel. En montrant que son héros est également en proie à une frustration liée à une impossibilité de vivre sa sexualité au grand jour, il fait comprendre combien il fut compliqué d’être soi même pendant des décennies. Touko accouche sur papier tous ses fantasmes les plus inavouables pour mieux supporter les brimades et les interdits. En ce sens, le film est très intelligent, car il n’en rajoute jamais dans le drame inutile, il montre sans appuyer ses effets.
C’est le combat d’un homme pour sa condition et celles de ses amis et amants que l’on suit durant presque deux heures. Par moments, le propos aurait pu tenter des audaces qu’il évite, afin de mieux rendre hommage à l’artiste, sans insister sur l’importance de sa sexualité débridée. Un public gay habitué pourra peut être en ressentir une légère déception, mais Karukoski n’a pas souhaité faire des images trop signifiantes. Il privilégie l’évocation des années de galère, puis celles de la reconnaissance américaine, avant de traiter en dernier l’épidémie de Sida qui marquera l’ultime épisode de la vie du dessinateur. L’acteur principal Pekka Strang ressemble fortement au vrai Tom, et il est puissant dans son jeu et troublant de mimétisme. Son histoire d’amour avec Nipa, l’homme de sa vie, est aussi très bien relatée, avec la pudeur nécessaire. On vote pour!
ANNEE DE PRODUCTION 2017.
