En 1987, après la fin de la Loi Martiale à Taiwan, Wang PoTe et Birdy, deux jeunes adolescents de 16 ans, tombent amoureux malgré la pression familiale, l’homophobie ambiante, et la stigmatisation sociales. Ils ne peuvent que garder leurs sentiments et les réprouver au quotidien…
A part le fameux Happy Together de Wong Kar Wai, et dans une moindre mesure Adieu ma concubine de Chen Kaige, peu de cinéastes asiatiques ont traité frontalement de l’homosexualité masculine et y ont trouvé le succès public. Ce nouveau film du taiwannais Kuang Hui Liu, produit par Netflix, change un peu la donne en ce moment avec cette histoire d’amour gay contrariée. Le décor est planté dans les années 80, au moment où les mentalités ont encore la dent dure envers les amours entre hommes, et où les familles n’acceptent pas vraiment de voir leurs enfants sortir du droit chemin. La jolie amitié particulière qui unit les deux tout jeunes héros se transforme très vite en amour qui ne dit pas son nom, d’autant qu’ils se rencontrent dans leur institution scolaire catholique et qu’ils doivent cacher leurs penchants, sous peine de vexations, voire d’exclusion. Le réalisateur compose des séquences tantôt tendres et légères, tantôt plus violentes et sèches, mais ce mélange trouve son équilibre dans un récit sensible et prenant. Utilisant le procédé du flash back, il navigue entre passé (1987) et présent (2019) pour conter ce roman d’amour empêché. L’un des protagonistes assume davantage sa différence, l’autre la ressent mais la fuit, et bien sûr tout le sel de l’intrigue repose sur la façon dont les deux garçons s’observent, se regardent sans se toucher ou presque…
Justement ici point de scènes « hot », pas de sexe montré (et il faut avouer que ça fait du bien de ne pas forcément appuyer l’attirance du seul point de vue physique), on s’en tient à traiter d’un amour pur et fusionnel. Seul un long passage sous une douche montre quelques peaux dénudées. Les retours en arrière dans la narration souffrent de cohérence par moments et le montage n’est pas tout à fait au point, mais on se laisse tout de même embarquer dans ce joli voyage émotionnel. Les deux comédiens Edward Chen et Chin Hua Tseng montrent un beau talent de jeu et sont prometteurs. Le film prouve aussi, si besoin était, que l’homosexualité et ses conséquences n’ont pas la même résonnance dans des pays où les gouvernements appliquent des règles strictes et assez déshumanisantes. Un cinéaste à suivre donc à l’avenir.
ANNEE DE PRODUCTION 2020.
