Paul est un anthropologue d’une cinquantaine d’années qui se remémore des souvenirs marquants de son passage à l’âge adulte. Il fait comme un premier bilan de sa vie amoureuse principalement et se rend compte qu’il n’a eu qu’un seul amour, Esther, une jeune femme qu’il n’a pu oublier malgré leur rupture.
Auteur heureux de Comment je me suis disputé… , Rois et reines et Un conte de Noêl, trois films plutôt maîtrisés et vibrants, Arnaud Desplechin signe cette comédie de moeurs dramatique avec l’espoir louable de rendre hommage à un de ses modèles François Truffaut. Même sens du récit, même forte propension à user du romanesque, même façon aussi de diriger ses comédiens habitués à son univers (ici Mathieu Amalric qui est de tous ses films). Sauf que cette fois, la sauce ne prend pas tout à fait aussi idéalement. La faute d’abord à une première heure relativement faible sur les origines du jeune Paul, un voyage en URSS qui n’aura que peu d’importance réelle pour la suite du propos, et une hésitation à se positionner sur ses intentions! L’autre raison tient aux acteurs qui jouent le couple Paul/Esther à 20 ans, Quentin Dolmaire et Lou Roy Lecollinet et qui ne sont pas vraiment convaincants, leur diction sonne parfois faux et un certain maniérisme est gênant sur quelques séquences clefs.
Pour ce qui est des points plus positifs, on reconnaîtra à Desplechin la faculté de rendre palpable les émois amoureux lorsque l’apprentissage des sentiments en est encore à ses débuts, ce côté là est attachant, ainsi que le passé retrouvé loin dans la mémoire de cet homme très proche d’un Antoine Doinel (à nouveau Truffaut s’invite clairement). Hélas, ça ne suffira pas à rendre ce long métrage inoubliable. L’an dernier, le réalisateur est revenu avec un film bien plus percutant Roubaix une lumière, montrant son réel talent.