La mort mystérieuse de Teresa Banks va donner du fil à retordre aux agents Cooper et Desmond, qui vont mener une enquête en forme de charade et découvrir que bien des habitants sont impliqués d’une manière ou d’une autre dans l’affaire. Un an plus tard, ce sont les derniers jours de Laura Palmer qui sont disséqués, avant son tragique assassinat.
Ce long métrage de David Lynch constitue une sorte de préquelle à sa propre série télévisée du même nom et ayant connu un vif succès. Après un prologue intense et une installation du récit menant au cas « Laura Palmer », le film déploie une mise en scène pleine de chausse trappes, d’étrangeté, oscillant entre l’intrigue policière et le drame familial. Twin Peaks annonce les chemins tortueux que prendra le cinéma de Lynch avec les futurs Lost highway et Mulholland Drive. Son style est reconnaissable entre mille: les séquences baignent dans une atmosphère quasi irréelle, jouant avec le temps, l’espace, naviguant entre rêves et réalités, entre cauchemars et distorsions du réel. On assiste à d »apparentes incohérences » pour mieux nous perdre, ou pour nous emmener sur des pistes glissantes et obscures! Le réalisateur de Blue Velvet n’a pas son pareil pour manipuler notre attention et nous plonger en plein trouble. Le lézardement brutal et violent du quotidien dans la famille Palmer passe par la relation plus que bizarre entre Laura et son père, et tout concourt à identifier là le thème de l’inceste, même si le mot n’est jamais énoncé.
Le surnaturel emporte notre esprit sans nous lâcher et Lynch fait l’impasse sur l’humour, la légèreté des amours adolescentes (si souvent traités dans le cinéma américain), pour montrer du sexe, de la drogue, de la prostitution, bref un monde de perdition. Son héroine, jouée par Sheryl Lee, (belle et bonne actrice qui n’a pas confirmé par la suite) compose une Laura Palmer sombre, aux confins de la folie, menacé par un prédateur invisible ou bien trop proche pour pouvoir le nommer. Tout le cauchemar qu’elle traverse de son vivant fait presque passer sa mort pour un soulagement et comme la seule « douceur » du film. Il demeure évidemment beaucoup de mystères alors que la conclusion survient, mais c’est la particularité première de l’univers lynchien, baigné de la toujours sublime musique d’Angelo Badalamenti. Un cinéma du ressenti, sensoriel, et provoquant moults réflexions.
ANNEE DE PRODUCTION 1992.