Pak, chauffeur de taxi bientôt septuagénaire, et Hoi, retraité, vivent à Hong Kong. Ils ont construit leur vie et leur amour autour de leur famille respective, et décident de ne pas bouleverser les traditions de leur communauté.
Comment vivre son homosexualité lorsque l’on est senior, que l’on a bâti une vie de famille avec femme et enfants, et que l’on vit dans la société conformiste chinoise, dans laquelle on doit respecter les carcans imposés? Cette question est au centre du troisième long métrage de ce jeune cinéaste Ray Yeung et se déploie tout au long d’un joli récit pudique et délicat. L’histoire d’amour qui nait entre ces deux hommes âgés s’avère aussi surprenante qu’originale, alors que l’on aurait pu croire au départ qu’il ne s’agirait que d’une relation charnelle anonyme. Sans grandiloquence ni révélations chocs, le scénario déroule tranquillement ses atouts, traitant aussi bien des thèmes comme la famille, la place des seniors dans une communauté conservatrice et aussi leur devenir quant à leur véritable nature. Ces hommes mènent une double vie afin de trouver un équilibre affectif et sentimental, jouissant de leur amour dans la clandestinité. Le réalisateur soulève le tabou de l’homosexualité, encore pas totalement réglé en Chine, avec finesse et même une touche de poésie.
Le drame romantique auquel on assiste n’est jamais appuyé, l’infinie délicatesse du traitement est à cet égard très touchant. Cette chronique gay pas comme les autres est interprétée par deux acteurs très justes: Tai Po et Yuen Ben. Ils sont tout au service de l’histoire et leur jeu sobre accompagne de concert une mise en scène minimaliste certes, mais sensible et attendrissante. Sans verser dans le film militant et revendicatif, il évoque malgré tout les compromis et les sacrifices que les gays doivent affronter pour vivre au mieux leur nature profonde, dans un pays où la famille garde une place cruciale.
ANNEE DE PRODUCTION 2021.