Seule dans sa résidence luxueuse, une veuve se retrouve bloquée dans son propre ascenseur, suite à une panne électrique. Prisonnière de cette véritable cage, elle actionne l’alarme extérieure qui, hélas pour elle, va attirer l’attention d’intrus terrifiants et mal intentionnés. Ces jeunes délinquants vont faire preuve avec elle d’un sadisme inimaginable…
Cet Ovni peu connu du cinéma américain est signé Walter Grauman, un réalisateur de séries et de films pour la télévision essentiellement. Il met en scène une héroïne coincée dans un ascenseur et victime d’une bande de loubards aussi dangereux que pervers. Placé sous le signe du huis clos étouffant, ce film est d’une audace incroyable pour l’époque. D’abord parce qu’il ne ménage pas ses effets retors et sadiques, et puis parce qu’il n’hésite pas à montrer la délinquance juvénile dans ses pires excès, dans l’inconscience de leurs actes meurtriers. Grauman utilise beaucoup les gros plans, fait monter la tension avec un suspense habile et très bien dosé, et parvient à créer l’empathie et l’identification envers cette pauvre femme prisonnière et que l’indifférence générale rend d’autant plus vulnérable. Le scénario, bien construit, n’accuse quasiment aucune faiblesse et pas un seul temps mort n’est à déplorer. La violence psychologique, parfois insoutenable, fait de cette oeuvre un excellent antécédent à des films comme Chiens de paille de Peckinpah ou Délivrance de Boorman, les êtres humains se comportant comme des animaux étant un sujet qui deviendra en vogue, plutôt dans la décennie suivante.
Ce thriller qu’il convient de redécouvrir fonctionne également grâce à son actrice, Olivia de Havilland, formidable d’intensité. Elle rend très bien perceptible son désarroi et sa panique. Face à elle, le tout jeune James Caan, dont c’est la première apparition à l’écran, est déjà très crédible en voyou psychopathe. D’une étonnante modernité, le film dénonce une Amérique consumériste, égoïste et prête à tuer pour s’enrichir sur le dos d’une femme sans défense. Ce constat pessimiste rend ces prédateurs encore plus inquiétants et participe au malaise ressenti, malgré une fin plus morale. En tout cas, à conseiller à un public averti!
ANNEE DE PRODUCTION 1964.