Dans le train qui la ramène des Balkans chez elle, Iris se lie d’amitié avec une vieille dame, Miss Froy. Cette gouvernante anglaise disparait comme par enchantement pendant qu’Iris fait une sieste. A sa place, se trouve une autre dame, plus jeune, portant les mêmes vêtements. Aucun passager du train ne se souvient avoir croisé Miss Froy. Assistée d’un jeune musicien, Iris mène sa propre enquête et comprend qu’il se passe des choses anormales, ressemblant fortement à un complot…
Cet avant dernier film de Sir Alfred Hitchcock tourné dans sa période anglaise est certainement le plus fameux avec Les 39 Marches. L’action se déroule principalement dans le décor unique d’un train en partance pour Londres, dans lequel des personnages pittoresques se croisent, se parlent, et forment surtout un groupe curieux perdant son unité dès lors qu’une passagère se volatilise mystérieusement et que la majorité prétend ne pas l’avoir vu avant! Hitchcock combine malicieusement les genres, passe de la comédie britannique à l’espionnage, agrémentant le tout d’une dose d’humour bienvenue et d’un côté thriller plus habituel de son style. Comme si sa mise en scène virtuose ne suffisait pas, l’auteur de Psychose agence un suspense bien mené autour de cette disparition inquiétante, et ce même si le film reste dans un ton léger et amusant. Utilisant des maquettes et des trucages habiles pour donner l’illusion que l’action se passe réellement dans un train à grande vitesse, Hitch la joue ludique, malin, astucieux. Comme il le fera d’ailleurs souvent par la suite dans ses films américains. On passe de la paranoîa pure au jeu de piste, de la petite enquête façon Sherlock Holmes et Watson dirigée par le couple homme/femme, seuls contre tous!
Parmi les passagers, le maitre du suspense invite une nonne en talons hauts (idée grandiose), deux hommes soucieux de rentrer en Angleterre au plus vite pour assister à un match de cricket (et possiblement gays, ce qui pour l’époque est une véritable audace), et un couple adultère ne cessant de se chamailler, comme si ni l’un ni l’autre n’assumait cette escapade infidèle. Les comédiens Margaret Lockwood (charmante) et Michael Redgrave forment un duo hautement sympathique, Dame May Witty incarne la vieille dame que tout le monde recherche. Peu importe du coup que le scénario ne soit pas complètement vraisemblable, le plaisir pris devant cet excellent « policier comique » est constant! Merci Alfred!
ANNEE DE PRODUCTION 1938.
