Rome, le 9 Mai 1938. Ce jour là, Mussolini reçoit le chancelier allemand Adolf Hitler pour sceller un pacte, garantissant au fascisme une place primordiale. Dans un immeuble vidé de ses occupants, tous partis assister à la rencontre, Antoinette, une femme au foyer usée et restée seule, va faire la connaissance de Gabriel, un homosexuel persécuté et exclu par le régime. Ces deux là vont apprendre à s’apprivoiser, malgré leurs différences…
Ettore Scola, brillant réalisateur italien toujours en prise avec l’Histoire et la politique de son pays (on se souvient de son magnifique Nous nous sommes tant aimés), est aux commandes de ce très beau film, situé peu avant la guerre, lorsque l’Italie baignait en plein fascisme, idolâtrant Mussolini et opprimant les plus faibles. Les deux personnages de cette histoire sont justement des victimes ordinaires de cette politique d’exclusion: Antoinette est une simple femme au foyer, délaissée par un mari qui ne la considère plus, prématurément vieillie et avec peu d’instruction. Gabriel, lui, est un poète anciennement chroniqueur dans une radio qui vient de le virer parce qu’il est accusé d’être homosexuel. Ils sont deux marginaux que leur monde condamne et leur rencontre fortuite va bousculer le quotidien de cette journée, unissant leurs solitudes et leur apportant un peu de douceur. Scola installe une ambiance délétère dès le prologue avec ses images d’archives montrant la montée des extrêmes, puis un long plan séquence s’attarde sur cet immeuble, présenté comme une prison dont on ne peut s’échapper.
Une immense délicatesse dans la mise en scène reste présente tout au long de ce récit poignant, émouvant et original. La caméra n’est jamais intrusive entre les protagonistes, au contraire elle les observe se frôler, se découvrir… Carlo Ponti produit le film et son épouse, la très glamour Sophia Loren a décroché ce rôle de mère au foyer engluée dans sa banalité, s’enlaidissant avec soin et il s’agit certainement de son personnage le plus fort. Elle est merveilleuse d’intensité. Face à elle, un partenaire qu’elle connait bien, le grand Marcello Mastroianni compose un homme sensible, blessé, et mis à part du fait de sa nature homosexuelle. Le bel amour impossible de ces deux êtres au bout du rouleau amplifie la charge émotionnelle qui nous étreint le coeur jusqu’au final bouleversant. Un César du meilleur film étranger lui a été décerné. Il faut dire qu’on n’est pas loin du chef d’oeuvre.
ANNEE DE PRODUCTION 1977.