François rêve de fonder un journal pendant que Violette gagne à peine de quoi nourrir, lui et leur fils de dix huit mois. François attend son heure et provoque la chance en dérobant dans les grands magasins des produits de toutes sortes qu’il revend ensuite. Violette réprouve au départ ses agissements et le menace de le quitter. Mais un jour, il la demande en mariage et dès lors, Violette devient sa complice dans ses vols à l’étalage…
Pour son troisième long métrage après le sombre 7 Morts sur Ordonnance, Jacques Rouffio fait appel à Jean Loup Dabadie, le scénariste attitré de Sautet, pour concocter une comédie douce amère autour d’un jeune couple amoureux et voleurs. Voleurs pour subsister à leurs besoins autant que pour marquer leur désapprobation envers le « jeu social ». Violette et François n’a pourtant pas de ligne narrative très bien définie, le film semble se dérouler au gré de séquences qui, sans être désagréables, manquent d’unité et de solidité. D’une certaine façon, Rouffio tente un instantané sociologique de la France des années 70, d’une jeunesse en perte d’idéaux et qui piétine leurs valeurs morales. La légèreté provient de la romance entre ces deux êtres, leurs fous rires, leurs disputes, leurs désaccords, lui lunaire et nonchalant, elle ultra énergique et prête à braver la loi pour son « homme ». Niveau réalisation, Rouffio ne trouve pas toujours la note juste, comptant sur un montage atypique pour rehausser ses propres faiblesses. Pour autant, malgré des imperfections réelles, Violette et François trimballe une mélancolie et une forme de gravité appréciables et émouvantes, dans la manière dont cet amour se délite, au gré de l’aggravation de la kleptomanie du couple.
La véritable excellente raison de s’arrêter sur cette oeuvre vient de la réunion de Jacques Dutronc et d’Isabelle Adjani. L’acteur chanteur réjouit par son air « je m’en foutiste », charmeur à sa façon, rebelle contre une société dont il sent exclu. Adjani sort de ses collaborations avec Truffaut, Polanski et Téchiné et rentre dans le registre comique avec une aisance déconcertante, un naturel qui fait merveille, et déjà une pointe d’hystérie qu’elle développera la décennie suivante. A leurs côtés, les participations de Serge Reggiani et de Léa Massari font plaisir à voir, alors même que les seconds rôles souffrent d’un manque de développement. Ensemble moyen donc et cependant à découvrir.
ANNEE DE PRODUCTION 1977.