Pour échapper à la prison, le détenu du droit commun Randall P. McMurphy se fait interner en simulant la folie. Dès son arrivée à l’hôpital psychiatrique, il assiste aux traitements thérapeutiques dispensés par miss Ratched, l’autoritaire et tyrannique infirmière en chef dont il cherche à bouleverser les méthodes.
Avec Shock Corridor, Samuel Fuller avait livré un film absolument saisissant sur le milieu psychiatrique et ses dérives et choqua l’Amérique par son réalisme quasi documentaire. Au milieu des années 70, le tchéque Milos Forman (bien introduit dans le système hollywoodien) se penche sur le sujet, en adaptant le roman de Ken Kensey , ancien combattant ayant travaillé dans un véritable asile de « fous ». Contrairement au livre, le film n’est pas raconté du point de vue de Bromden, l’indien sourd muet, mais par le truchement de Randall, le héros principal, plongé dans cet univers oppressant et témoin des méthodes de soins plutôt radicales appliquées sur ses partenaires de chambrée. Film de contestation profonde, humaniste et anti totalitaire, Vol au dessus d’un nid de coucou se veut une métaphore de toutes les oppressions sociales: l’établissement psychiatrique étant le microcosme de l’ordre social, l’infirmière Ratched comme sa représentante la plus féroce et Mac Murphy se présente comme l’élément perturbateur, dont on cherche à anéantir la rébellion. Forman fait preuve d’une réalisation très juste, alliant des moments de « comédie » (l’escapade pour aller pêcher notamment) et la dureté de l’enfermement et des terribles séances d’électrochocs. Il cisèle des portraits d’hommes fragiles, perturbés et pour certains très atteints grâce à sa caméra jamais intrusive, filmant au plus près ce groupe d’aliénés attachants. Son immersion dans un véritable asile en Oregon a sûrement contribué à rendre crédible son propos.
Si l ensemble de la distribution mérite de grands bravos ( Brad Dourif, Danny de Vito, Will Sampson, Christopher Lloyd ,etc…), le duel opposant Jack Nicholson et Louise Fletcher reste évidemment l’élément central de l’intrigue. L’acteur de Shining compose un personnage grandiose de révolutionnaire dérangeant (à défaut d’être dérangé) et Fletcher impose son autorité par un jeu inflexible. Ce classique moderne du cinéma américain a marqué son époque par son caractère pamphlétaire et sa moisson d’Oscars ! Les cinq plus importants (scénario, réalisation, acteur, actrice, film) ont couronné cette oeuvre puissante et émouvante.
ANNEE DE PRODUCTION 1975.
