Mark et Johanna sont mariés depuis plus de dix ans. Ils se déchirent de plus en plus souvent et vont établir le bilan de leur union. A travers les souvenirs de différents voyages qu’ils ont effectués, ils reconstituent l’histoire de leur vie commune…
Le pâpe de la comédie musicale américaine, Stanley Donen est aux commandes de ce petit joyau plutôt méconnu, en tout cas qui n’a pas eu le succès mérité à l’époque. Le public et la critique ont boudé cette histoire de couple, alors qu’elle est originale à bien des égards. En premier lieu, le scénario ne se contente pas d’une linéarité pesante et banale, mais se balade constamment entre le passé et le présent, entre la première rencontre et les prémices de la relation unissant Mark et Johanna, pour aller jusqu’à leurs dernières disputes et même à leur divorce (qu’ils ne font qu’évoquer en mots!). Ces flash backs aèrent un récit qui aurait pu tomber dans l’ennui, donne de l’énergie et de la puissance comique à des situations par ailleurs très romantiques. L’autopsie de ce couple charmant n’est jamais mièvre, les points de vues de chacun sont explorés avec lucidité et franchise. D’où une certaine amertume qui se dégage d’un constat très simple: le mariage finit par user les sentiments les plus beaux et ternir l’amour des amants les plus fougueux.
Leur voyage à travers la France, au gré de leurs mouvements affectifs, pourrait être vu comme le pendant léger et drôle de Voyage en Italie de Rossellini, où le couple au bord de la rupture se rapprochait, in extremis, après des séquences dramatiques et intenses d’émotion. Ici l’émotion est feutrée, délicate, et jamais sur un mode tragique. Bien sûr, Donen pense que la fin d’un amour, ou du moins son usure, possède un caractère triste indéniable, mais il ne charge pas la mule, pour laisser filtrer la tendresse d’abord. C’est également un film basé sur ses acteurs qui sont de tous les plans: Albert Finney viril et doux à la fois, et surtout Audrey Hepburn campant cette femme amoureuse, puis distante, encore émue par son mari, et désespérée de ne pouvoir retrouver la magie de leurs débuts. Elle est formidable et délicieuse, usant d’une garde robe vertigineuse, allant du simple jean au tailleur chic, en passant par la robe du soir signée Paco Rabanne. Une comédie sentimentale finalement d’une modernité étonnante, où la joie n’empêche en rien une gravité de poindre le bout de son nez.
ANNEE DE PRODUCTION 1967
