Un chanteur en voie de clochardisation, Tralala, errant dans les rues de Paris, décide de partir pour Lourdes, retrouver une jeune fille rencontrée et qui l’a bouleversé. Sur place, il est pris pour un homme, Pat, disparu depuis de longues années et que ce soit par la mère, la petite amie ou l’ancien grand amour, tous semblent ravis de ce retour improbable…
Auteurs de scénarios curieux et mixant idéalement un humour très spirituel et une émotion particulière, les Frères Larrieu ont voulu sortir du chemin tout tracé de leurs anciennes comédies comme Peindre ou faire l’amour ou L’amour est un crime parfait pour s’attaquer à un genre très casse gueule dans notre cinéma hexagonal: la comédie musicale! Tournée entre les deux confinements, en plein Covid (les nombreuses séquences avec masques prennent bien l’air de ce temps troublé), leur nouvelle oeuvre se voudrait fantaisiste, décalée et pleine de légéreté… Sauf que le ton ne fonctionne pas, l’humour traine la patte et on cherche vainement une trace tangible d’émotion… Les Larrieu mettent au centre de leur récit une sorte de SDF chantant débarquant à Lourdes, lieu de tous les miracles, et se fait passer pour un autre. Au lieu de traiter le sujet avec des quiproquos ou des retournements de situations comiques, ils empilent des saynètes sans relief où les protagonistes poussent la chansonnette (souvent maladroitement) et sans parvenir à emporter véritablement notre adhésion.
La musique quant à elle, signée par de trop nombreux compositeurs d’univers différents (on passe de Daho à Philippe Katerine, puis de Jeanne Cheral à Sein), sans être désagréable, ne recèle que deux ou trois titres marquants, le reste souffre d’un terrible manque d’unité. Reste le casting! Prestigieux sur le papier puisqu’il convoque Mathieu Amalric (encore une fois dans un registre lunaire répétitif), Josiane Balasko (sous employée dans sa drôlerie habituelle), Maiwenn (très jolie mais trop peu présente), seule Mélanie Thierry s’en tire plus que bien avec un charme certain et un nouveau venu Bertrand Belin, chanteur en temps normal et qui trouve là un tout premier rôle qu’il défend correctement. Il cultive un mimétisme avec Alain Bashung convenant parfaitement à son personnage. Force est d’avouer malgré tout que sans être complètement raté, l’ensemble n’a rien de super emballant.