Sally, une jeune femme apparemment fragile psychologiquement, est arrêté en flagrant délit de kidnapping d’un bébé. Dans sa cellule et en attente de la décision de justice, elle se souvient comment elle a pu en arriver là…
Voici un film tout à fait étonnant, méconnu et très intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord, il s’agit du tout premier long métrage d’Ida Lupino, plus réputée pour sa carrière d’actrice, et qui a embrassé le métier de réalisatrice un peu par hasard, après avoir fondé sa propre société de production. En soi, c’était un fait rarissime à Hollywood juste après la guerre, et il se trouve qu’en prime, elle avait un talent très particulier et un don inné pour la mise en scène. Explorant des thèmes peu communs dans le cinéma de l’époque, ici elle traite d’une « fille mère » dont le parcours de vie chaotique la mène à un acte grave et ensuite à une introspection. En pionnière avisée derrière la caméra, Lupino s’attache à décrire les tourments intérieurs de son personnage principal, incarné avec beaucoup de conviction par une jeune actrice anglaise Sally Forrest. Passant de l’état amoureux à celui de femme délaissée, puis à celui de future maman esseulée et détruite par son dilemme de garder ou non son enfant. Beaucoup d’émotions sont rendues et le scénario offre de belles séquences intenses, sans verser dans le mélodrame facile.
Profondément féministe, le film ne juge jamais la dérive de cette héroïne du quotidien, agissant sous le coup d’une souffrance insondable, il y a beaucoup d’empathie, de bienveillance dans le traitement. Bien entendu, les spectateurs d’aujourd’hui pourront toujours trouver que ce thème de « fille mère » n’a plus rien de scandaleux, mais le film a assez de coeur et de tripes pour convaincre les âmes les plus insensibles. La pudeur et le réalisme qu’a réussi à injecter Ida Lupino est très inhabituel pour une production américaine, rien ne se passe comme on le pressent, et même si le « happy end » de rigueur ne nous est pas épargné, la séquence finale n’en demeure pas moins d’une réelle beauté, faisant jaillir de l’espoir et de la vie, après de durs moments de désespérance.
ANNEE DE PRODUCTION 1949.