FAUX SEMBLANTS

Elly et Beverly, deux gynécologues et parfaits frères jumeaux, dirigent une clinique de fertilité. Ils partagent tout: loisirs, appartement, et liaisons féminines. Lorsqu’ils se lancent dans une relation avec Claire Niveau, une actrice célèbre, ils entament une terrifiante descente dans la drogue et la folie, d’autant que Beverly, le plus « faible » des deux, est tombé éperdument amoureux de Claire…

Le canadien David Cronenberg s’est fait connaitre dans les années 70 avec son style avoisinant le gore, mettant l’organique au centre de tout, sur des histoires souvent troubles (Videodrome) ou carrément horrifiques ( Frissons, Chromosome 3), puis vers le mitan de la décennie 80 ses films sont devenus plus complexes, plus riches et plus portés sur la psychologie comme avec Dead Zone ou cet admirable Faux Semblants. Sa réalisation, d’une froideur clinique, traite cette fois de gémelitté, de schizophrénie, de transformation de la chair et d’horreur chromosomique avec cette histoire dérangeante de deux frères jumeaux, complices en tout, et allant se partager la même femme. L’un est extraverti, sûr de lui et d’un cynisme total, tandis que son alter ego croule sous sa faiblesse de caractère et son manque de confiance, pourtant leur lien indéfectible va être mis à mal par l’amour et ses ravages. L’aliénation de cette relation toxique devient de plus en plus prégnante au fil du scénario, très bien construit, et mêle sexe, drogue, folie, dépendance: autant de sujets aussi « tabous » que Cronenberg maitrise avec une grande précision. Le fantastique l’emporte sur les effets sanglants (assez peu nombreux) et c’est d’abord le climat malsain qui frappe les esprits avec cette représentation quasi chirurgicale du double. Grâce à des superpositions d’images, le cinéaste filme son acteur sur deux niveaux et fait croire à leur dédoublement sans avoir recours à des trucages trop élaborés.

Et cet acteur, génial s’il en est, est Jeremy Irons dans une sublime composition X2, à la fois inquiétant, charmeur, dément, souffrant, apportant de subtiles nuances de posture pour « différencier » Beverly d’Elly. Sa performance compte parmi les plus fortes de sa carrière. Face à lui, Geneviève Bujold incarne l’élément féminin perturbateur en imprimant sa force de jeu, déjà vue à l’oeuvre dans Obsession ou Le Voleur. Cronenberg pose également la question de l’identité, sexuelle notamment, tant la fusion des deux frères a quelque chose de profondément incestueux. Mais la matrice opérée pour ne faire qu’un ne peut aboutir qu’à une tragédie et le film porte en lui les stigmates d’une fin dramatique. Faux Semblants obtint le Grand Prix du film fantastique d’Avoriaz, se classe parmi les incontestables réussites du cinéma de genre et surtout hante longtemps après le mot fin.

ANNEE DE PRODUCTION 1988.

 

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Maitrise scénaristique, formelle et intellectuelle sont au menu de ce grand film sur le double, malsain et dérangeant. Jeremy Irons à son meilleur.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Latest articles

Maitrise scénaristique, formelle et intellectuelle sont au menu de ce grand film sur le double, malsain et dérangeant. Jeremy Irons à son meilleur. FAUX SEMBLANTS