Quand la célébrité devient un cauchemar pour une vedette qui, tout à coup, sans comprendre, reçoit gifles et coups de poings à la place de demandes d’autographes. C’est le sale coup qui arrive à Michel Blanc du jour au lendemain… La vedette de son prochain film, Carole Bouquet, va l’aider dans cette passe difficile…
Il aura fallu dix ans à Michel Blanc, depuis Marche à L’Ombre, pour embrayer sur un nouveau projet et Grosse Fatigue marque son retour à la mise en scène et à l’humour absurde. Sous la forme d’une farce grinçante sur le vedettariat et ses effets collatéraux, le film, constamment dans l’autodérision, le prend pour héros principal et à double titre puisqu’il doit se débattre avec un sosie qui, évidemment, se fait passer pour le vrai Michel Blanc et profiter de sa notoriété. En profiter en commettant des délits (violer Balasko, tenter de séduire lourdement Charlotte Gainsbourg, pratiquer un braquage spectaculaire dans une bijouterie parisienne, etc…). Cette mise en abime du métier d’acteur en montre les aspects les plus schizophrènes, déconstruit les clichés idéaux autour du culte de la célébrité. Blanc en profite pour faire une analyse personnelle sur son physique ‘ingrat », sur le public qui l’assimile encore trop à ses rôles de petit moustachu rigolo et casse couilles, et finalement se moque de lui même dans un scénario astucieux et malin. Sa réalisation, enlevée, va à cent à l’heure, comme le rythme de ses séquences tournées à Cannes, dans le Lubéron et sur Paris même. Moins pertinent est son avis tranché sur la « mort du cinéma français » par la faute des méchants américains bouffant le marché, une allusion un peu simpliste et éculée entendue à foison dans des journaux à gros tirages. Grosse Fatigue joue avec les faux semblants, les effets miroirs et surtout provoque souvent le rire, ce qui était le but recherché.
Prétexte à convier quelques uns de ses illustres partenaires, le casting convoque la troupe du Splendid évidemment, Philippe Noiret, Charlotte Gainsbourg, Roman Polanski (tous dans leurs propres rôles) et surtout la divine Carole Bouquet. Elle brille pour la première fois dans une comédie et se montre drôle, piquante, tout en gardant sa classe naturelle. Dans l’esprit proche de Bertrand Blier, Grosse Fatigue fonctionne presque sans baisse de régime, avec son argument original et a remis Blanc dans le sérail des réalisateurs en vogue, obtenant même le prix du Scénario à Cannes.
ANNEE DE PRODUCTION 1994.