HUIT FEMMES

Années 50, une grande demeure bourgeoise où se prépare le réveillon imminent de Noel. Cependant, une macabre découverte bouleverse ce jour de fête… Le maitre de maison est retrouvé mort, assassiné dans son lit, un poignard planté dans le dos. Autour de lui, huit femmes avec chacune, un secret jalousement gardé qu’il faut mettre à jour, car l’une d’entre elles est sûrement la coupable…

Huit Femmes constitue indéniablement un objet de cinéma provoquant un plaisir sans cesse renouvelé à chaque vision par sa richesse générale. Reprenant l’argument d’une pièce de théâtre signée Robert Thomas, François Ozon prend le prétexte d’une intrigue policière (un crime est commis, un groupe de femmes dans lequel se cache sans doute la meurtrière) pour livrer un éblouissant hommage au 7e Art tout entier. Par la profusion de références cinéphiles ponctuant une majorité de séquences, ce huis clos évoque tout autant l’univers de Sirk par ses couleurs chaudes et romantiques, Hitchcock par son habile suspense, Truffaut par le truchement d’extraits de dialogues empruntés à la Sirène du Mississipi et au Dernier Métro , fait des clins d’oeil à Gilda (avec un strip tease incluant un long gant noir), des citations issues de La Dame aux Camélias, un superbe souvenir photographique où l’on peut admirer le portrait de Romy Schneider, et puis un brillant boulevard ouvert sur la comédie musicale avec des chansons populaires entonnées par chacune des protagonistes pour « expliquer » leurs états d’âmes. Dans cette famille plus que dysfonctionnelle, les secrets se sont accumulés en masse, les masques tombent progressivement à coups de répliques vachardes et de règlements de comptes vicelards. Huit Femmes a pour fondation une mise en scène hyper maitrisée reposant sur un scénario admirablement dialogué, utilisant l’espace de cette maison bourgeoise comme lieu où toute vérité ne va plus être bonne à cacher, mais bien à hurler. Ozon soigne tout ce qui peut renvoyer aux grands mélodrames américains, avec les costumes si beaux de Pascaline Chavanne, le kitsch assumé du décor. Pas de place pour le réalisme, ici on assiste à du théâtre glamour, au triomphe de l’artifice, au jeu de faux semblants sans cesse mis en avant.

La plus merveilleuse idée d’Ozon fut de réunir un casting exclusivement féminin et surtout de faire s’entrechoquer les egos de huit actrices et de les faire jouer ensemble avec une jubilation sans pareille. Décoiffant les mythes, envoyant valser les à priori, il dirige Catherine Deneuve en grande bourgeoise hautaine, Danielle Darrieux en grand mère faussement invalide, Isabelle Huppert en soeur acâriatre, Fanny Ardant en femme fatale insaisissable, Virginie Ledoyen en jeune fille moraliste alors qu’elle n’est elle même pas irréprochable, Ludivine Sagnier en adolescente malicieuse, Emmanuelle Béart en bonne perverse et Firmine Richard en nounou invertie. Toutes impriment leurs marques dans nos esprits, toutes potentiellement dangereuses ou innocentes. Pour couronner le tout, Ozon a su doser humour et émotion dans un emballant ensemble où le spectateur n’en finit pas d’être ébloui. Sans compter ce final réunissant plusieurs générations de comédiennes sur l’air si mélancolique d’Il n’y a pas d’amour heureux! Une certaine idée de la perfection.

ANNEE DE PRODUCTION 2002.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Le plus gros succès critique et public de François Ozon. Une ode aux actrices dans cette comédie policière étincelante, dialogué au cordeau et constamment jouissive. Chef d'oeuvre!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Latest articles

Le plus gros succès critique et public de François Ozon. Une ode aux actrices dans cette comédie policière étincelante, dialogué au cordeau et constamment jouissive. Chef d'oeuvre! HUIT FEMMES