Une famille américaine entreprend une traversée dans le désert du Nouveau Mexique en caravane. A sa tête, Big Bob Carter, accompagné de sa femme, de ses deux filles et de ses gendres. Ils passent dans une zone anciennement réservée aux essais nucléaires et soit disant totalement inhabitée. Ils tombent en panne. Commence alors pour eux un long et pénible cauchemar…
Cinq ans après un premier long métrage marquant par sa violence décomplexée et son horreur réaliste affichée (La Dernière maison sur la Gauche), le réalisateur américain Wes Craven réitère dans le genre glauque en frappant encore plus fort. S’inspirant de récits authentiques de véritables attaques de touristes par de furieux anthropophages survenus une décennie plus tôt, il élabore un scénario de « survival » terrifiant et met en scène cette Colline comme une invitation en enfer. Cette famille sans histoires devenant la proie de cannibales dégénérés et subissant les pires sévices sonna comme un choc cinématographique au milieu de ses années 70, car le cinéma d’horreur n’avait pas encore vraiment vu l’émergence de violence aussi frontale, aussi dérangeante. A la manière de Délivrance de Boorman, Craven en rajoute dans le crasseux, le malsain et surtout dans la sauvagerie montrée à l’écran. Presque cinquante ans plus tard, le film a certes pris un petit coup de vieux, surtout par ses costumes, les coiffures des personnages (période pré hippie oblige), le grain de l’image trahit une pellicule bon marché (qui apporte aussi son aspect « vrai »). Un haut niveau d’angoisse s’établit tout du long, montant crescendo dans la dernière demie heure et la mise en scène du futur auteur de Scream alterne caméra à l’épaule, plans nocturnes stressants, montage alterné (passant de la famille victime à celle de leurs bourreaux impitoyables). L’esthétique visiblement « petit budget » n’empêche nullement au film de rester efficace dans la démonstration de l’épouvante.
Craven a en outre eu un flair de dingue avec son casting, surtout pour dénicher des gueules de « méchants » très crédibles, en particulier Michael Berryman, découvert un an plus tôt dans Vol au dessus d’un nid de coucous et qui occasionne de vraies sueurs froides. Les autres (Dee Wallace, Susan Lanier, Robert Houston) occupent les places peu enviables des victimes luttant à mort contre l’ennemi. Proche dans l’esprit de Massacre à la Tronçonneuse, La Colline a des yeux n’en a pas tout à fait la même aura, bien qu’il bénéficie d’un culte tout à fait conséquent. Trente ans plus tard, notre petit frenchie Alexandre Aja en fera un remake ultra réussi, dépassant en brutalité son original.
ANNEE DE PRODUCTION 1977.