Chez les Tenenbaum, les trois enfants ont toujours été des génies précoces. Tout jeunes, Chas était déjà un maitre de la finance, Margot une dramaturge d’exception et Richie un joueur de tennis hors pair. Leurs parents, Etheline et Royal, ont hélas fini par divorcer, car le père de famille était à la fois infidèle et toujours absent. Cette crise familiale va bien sûr avoir de graves répercussions sur le développement affectif et professionnel de ces enfants, devenus à l’âge adulte passablement névrosés et dépressifs…
Dans le genre comédie singulière signée par un cinéaste atypique et ne rentrant dans aucune case, cette Famille Tenenbaum peut indéniablement figurer en bonne place. Après un coup d’essai salué par la critique, Rushmore, l’américain Wes Anderson a échafaudé un scénario curieux, avec l’aide de l’acteur Owen Wilson, contant les tribulations d’une famille et surtout le parcours peu ordinaire de leurs trois enfants, devenus des adultes désabusés. Toujours attiré par une esthétique reconnaissable entre mille, Anderson compile à peu près tout ce qui fait son style: couleurs criardes ou délavées, ambiance rétro, symétrie permanente dans ses plans, et humour pince sans rire dans des réparties à la fois drôles et teintées de cynisme. Chez lui, le rire a toujours un arrière goût d’amertume et le burlesque mélancolique semble ici prendre une place majeure. Il peint des personnages bien croqués, typés, souvent filmés en plan poitrines avec des airs figés, faisant de leurs expressions faciales de véritables livres ouverts.
Les séquences truculentes se mêlent avec d’autres, plus inégales ou moins percutantes, Anderson expérimente avec sa caméra et un coup ça passe, un autre coup ça bloque! Ce style bien à lui possède une mécanique huilée, mais qui a tendance à être démonstrative et à négliger quelque peu le rythme. La bonne nouvelle provient du casting: un parterre de stars tenant des rôles loufoques et loin de leurs registres! Gene Hackman incarne avec bonheur un père défaillant, Anjelica Huston en mère de famille (et archéologue!!) montre un talent comique rarement exploité jusque là, Gwyneth Paltrow joue la soeur objet de désir de son propre frère et compose une prestation assez géniale, et Ben Stiller… fait du Ben Stiller (pas désagréable, mais limité!). Si elle provoquera chez certains une déception, cette famille tout en désordres en séduira d’autres.
ANNEE DE PRODUCTION 2002.
