Chanteuse de cabaret, Bijou provoque souvent des bagarres. Un officier de marine, Bruce, tombe amoureux d’elle et veut tout laisser tomber. Elle préfèrera partir pour l’empêcher de briser sa carrière.
Tay Garnett, un vieux routier du cinéma muet, qui sera l’auteur heureux du Facteur Sonne toujours deux fois, est aux commandes de ce petit film d’aventures assez méconnu. Dans les décors kitsch et improbables de cabarets nichés sur les îles des Mers du Sud, l’intrigue (pas très fouillée) tourne autour d’une chanteuse aux mœurs frivoles semant la zizanie partout où elle passe, surtout auprès de la gent masculine. Garnett use d’une mise en scène très pittoresque, proche des westerns de l’époque, et met surtout en valeur l’action (notamment une longue séquence de bagarre tonitruante), l’atmosphère délétère des bouges à soldats et la présence hypnotisante de sa star vedette, l’ensorcelante Marlène Dietrich. Garnett l’utilise comme l’avait fait naguère son pygmalion Joseph Von Sternberg et la filme sous tous les angles, à la fois pour la magnifier et la rendre totalement « clou du spectacle ». Dès lors, même la romance entre la Belle et un lieutenant de la Marine fort en gueule passe au second plan. Les moments délicieux où Marlène donne de la voix et chante entre autres les titres I’ve been in love before et surtout The Man in the Navy restent les plus notables. Avec ce morceau, elle descend un escalier vêtue de manière très androgyne comme elle l’avait déjà fait dans le classique de ses débuts, Morocco.
C’est Marlène elle même qui souhaita John Wayne comme partenaire de jeu. Grand, charismatique et à l’aube de sa carrière brillante, le futur interprète de Rio Bravo incarne le marin amoureux comme un gamin de cette femme fatale pour laquelle il projette de tout quitter. Loin d’être désagréable, ce plaisant film d’aventures n’aurait pas le même aura sans la Dietrich, vampirisant tout autour d’elle. Son mythe était déja largement installé et l’actrice pouvait tourner dans n’importe quelle production et s’ assurer d’un certain succès. Cette Maison des Sept Péchés lui doit évidemment beaucoup.
ANNEE DE PRODUCTION 1940.