Paris, 1981. Max Baumstein, président du Mouvement de solidarité Internationale, abat l’ambassadeur du Paraguay, ayant reconnu en lui un ancien criminel de guerre. Une fois arrêté, il raconte son enfance à sa femme Lina. Il avait dix ans lorsqu’il fut recueilli par Elsa, une chanteuse de cabaret, au moment de l’Occupation nazie et il a alors vécut des choses horribles, du fait qu’il était juif. Sa vie avec Elsa l’a marqué au fer rouge…
Adapté d’un beau roman de Joseph Kessel, voici un film bouleversant sur la période terrible de l’Occupation allemande. Certes, le cinéma regorge d’oeuvres se déroulant à cette époque, mais Jacques Rouffio a parfaitement réussi le passage de l’écrit à l’écran, d’abord en soignant au maximum sa reconstitution du Paris des années 30, ensuite d’une façon très habile, il inclut dès le prologue des événements qui se passent de nos jours. Pour mieux dénoncer un antisémitisme galopant moderne, et pour montrer que les idées extrêmistes sont encore furieusement d’actualité. Le récit, gorgé de noblesse et d’humanité, se concentre surtout sur la montée du nazisme et ses ravages sur la vie d’un jeune adolescent juif, ainsi que sur sa relation pleine de tendresse avec une chanteuse de cabaret à la dérive, s’occupant de son éducation. Ne faisant aucune économie sur l’émotion ni sur les larmes, Rouffio donne un écrin en or à sa comédienne principale, Romy Schneider, très investie dans ce personnage.
Romy porte ce film sur ses épaules de bout en bout, avec un talent incomparable, et avec un courage monstre, puisque le tournage eut lieu quelques mois seulement après la mort de son fils David (une dédicace lui est attribuée au générique). Elle joue avec ses tripes et certaines séquences demeurent parmi les plus déchirantes de toute sa carrière d’actrice. A ses côtés, l’ami fidèle et partenaire fréquent Michel Piccoli (l’excellence incarnée), qu’elle retrouve pour la sixième fois. Leur alchimie est évidente et sert évidemment le propos. Hélas, quand le film sortira, Romy n’aura plus que quelques semaines à vivre. Le beau message de tolérance porté tout au long du récit, malgré des moments durs et tragiques, achève de rendre cette Passante aussi remarquable qu’immanquable.
ANNEE DE PRODUCTION 1982