En 1939, peu avant la guerre, Guido, un italien, tombe amoureux de Dora, une belle institutrice promise à un fasciste qu’elle déteste. En génie de la séduction, Guido invente toutes sortes de stratagèmes pour conquérir le coeur de Dora. Peu de temps après, leur couple se forme, mais la guerre éclate. En 1944, parents d’un petit Josué, Guido et Dora vivent heureux jusqu’à ce qu’une patrouille allemande les enlève et les conduisent dans un camp de concentration. Guido décide de raconter à son jeune fils qu’il s’agit d’un jeu, lui cachant la terrible réalité de leur situation…
Quoi de plus beau lorsque l’Art et notamment le cinéma s’érige contre la barbarie et les crimes commis envers l’humanité? L’italien Roberto Benigni n’a pas choisi un sujet facile, à savoir la Shoah, afin de dénoncer à sa manière le fascisme et ses cruautés et il le fait avec une arme imparable: l’humour! Comment faire rire avec pareil thème quand on sait ce que fut l’enfer des camps de concentration? En faisant germer l’espoir au sein de l’horreur, de l’indicible, et par le biais de personnages touchants. Cette histoire déchirante d’un père tentant de préserver son jeune fils de la vérité et conserver son innocence la plus intacte possible a été imaginée par Benigni, dont on voit bien que l’influence de Chaplin fut déterminante. L’esprit du Dictateur se retrouve notamment dans les scènes du banquet avec l’arrivée du cheval peint en vert ou celle de la traduction par le héros d’un flot d’ordres débités par un officier allemand. La Vie est Belle étant une fable, la représentation de l’univers concentrationnaire est volontairement « adoucie » et ne prétend bien sûr pas à l’exactitude des faits. Le miracle du film se niche dans les gags, le ton constamment plaisantin et positif utilisé par Benigni, et bien entendu les tueries, les tortures restent hors champ et seulement suggérées.
Roberto Benigni ne fait pas dans la sobriété niveau jeu et aurait même tendance à cabotiner à outrance, pourtant ici paradoxalement, pour ce rôle là, cela sert le propos, puisqu’il s’agit de raconter les mensonges les plus énormes en gardant un sourire de clown tout du long et sans se trahir. Il ajoute ce qu’il faut de tendresse dans sa relation émouvante avec son petit Josué, adorable bambin, interprété par Giorgio Cantarini. Sa femme à la ville et actrice fétiche, Nicoletta Braschi, écope en toute logique du personnage de sa bien aimée, pour laquelle il déploie tant de ruses drôlissimes. Enfin, dans un rôle un peu trop court, Marisa Paredés, l’inoubliable muse d’Almodovar, imprime de son talent ses quelques scènes. La Vie est Belle n’a pas été en reste du point de vue des récompenses: Trois Oscars, Un César et un Grand Prix du Jury à Cannes. Le conte pas comme les autres d’un humaniste sincère qui, à sa façon, participe au devoir de mémoire.
ANNEE DE PRODUCTION 1998.