Le 13 Octobre 1972, le vol 571 de l’armée de l’air uruguayenne, transportant à son bord une équipe de rugby, s’écrase dans la Cordillière des Andes, avant d’atteindre son but au Chili. 29 survivants, coincés dans l’un des environnements les plus inaccessibles de la planète, doivent prendre des mesures extrêmes pour assurer leur survie.
Trente ans après Les Survivants, film américain de Franck Marshall, qui relatait déjà cette incroyable histoire vraie, l’espagnol Juan Antonio Bayona (auteur entre autres de L’Orphelinat et The Impossible) reconstitue avec moults précisions et d’une manière très documentée ce fait divers hors normes, vécu par des hommes retranchés dans des conditions de « survie » inimaginables. Cette relecture totalement immersive est plus qu’un simple « remake », car Bayona mêle à la fois l’intime et le spectaculaire avec une précision remarquable: ainsi, il nous plonge dans l’une des catastrophes aériennes les plus impressionnantes jamais vues (en cela, l’accident est filmé de manière tout aussi magistrale que dans l’oeuvre hollywoodienne), puis il met l’accent sur le calvaire vécu ensuite pendant 72 jours par les rescapés. Blessés, épuisés, démoralisés, ils durent affronter l’enfer de la montagne leur servant de prison à ciel ouvert, luttant contre le froid, la faim, le désespoir. Le thème du cannibalisme se voit ici traité plus frontalement, la mise en scène ne faisant pas l’impasse sur ce sujet aussi délicat que douloureux, Bayona n’a pas cherché à édulcorer l’horreur de la situation, les questions métaphysiques qu’un tel choix a pu causer dans l’esprit de ces hommes, interrogeant au passage notre propre humanité. Le Cercle des Neiges bénéficie d’un vrai point de vue de cinéaste qui faisait sûrement défaut aux Survivants, rendant le film plus authentique et plus émouvant encore.
Comme dans The Impossible qui évoquait le terrible tsunami de 2004 en Thaïlande, Bayona montre la dureté de l’après catastrophe, comment tenir bon face à l’adversité, jusqu’où l’être humain peut endurer des souffrances physiques et mentales. Un chemin de croix relaté avec maestria aussi grâce à des comédiens espagnols pour la majorité tous inconnus (renforçant ainsi le réalisme). Point de pathos ou de séquences trop larmoyantes, alors que la mort et son spectre menaçant habite chaque instant (rappelons que les rescapés subirent aussi une avalanche ensevelissant littéralement l’épave de l’avion dans laquelle ils étaient retranchés) et pour soutenir le tout, des images d’une beauté à couper le souffle. Le film possède une force rare aussi parce qu’il redéfinit les notions de peur, d’espoir, de courage et quand il se termine, nous laisse au delà de tout, admiratif et abasourdi. Visible sur Netflix.
ANNEE DE PRODUCTION 2024.