En Louisiane, le pitoyable Judd est le propriétaire crasseux d’un motel délabré, perdu à la lisière des marais. Il est également le maitre attentionné d’un crocodile redoutable qu’il nourrit avec les rares clients égarés qui ont l’imprudence de passer la nuit sur place. Arrive un couple d’américains et leur petite fille, loin de s’imaginer l’horreur qui les attend…
Après un coup d’éclat mondial aussi inattendu que juteux, Massacre à la Tronçonneuse, le jeune cinéaste Tobe Hooper a toutes les cartes en main pour livrer un second opus tout aussi terrifiant. Sous la houlette de son producteur Mardi Rustam qui, lui, désire prolonger le délirant récent succès remporté par Les Dents de la Mer, Hooper tente l’aventure du film de « monstre » qu’on l’incite à faire. Ne s’intéressant justement pas à la créature du titre, Hooper préfère installer une ambiance poisseuse dans un décor glauque (le motel sinistre) et pour rester dans l’esprit des tueurs sanguinaires, fait de son « héros » principal un vieil homme timbré et tueur psychopathe. C’est lui le méchant par lequel le danger survient! Le film limite donc les apparitions du fameux croco (en plastoque recyclé!) et déroule un script assez paresseux, où l’on dénombre pas mal de séquences longues à se mettre en place! Bien sûr, Hooper montre de nouveau une facette de l’Amérique des oubliés, des marginaux, et de ce point de vue, son second opus garde une certain intérêt, mais pour les amateurs de sensations fortes, c’est un peu rapé! Pratiquement tout le temps filmée de nuit, l’action manque de vrais moments de bravoure, même si le sadisme du vieux Judd est nourri de références à d’autres serial killers du cinéma d’horreur.
Enfin, il faut noter la présence au générique de noms aussi connus que Mel Ferrer jouant un père aux abois à la recherche de sa fille disparue ou Robert Englund, le futur acteur légendaire qui sera Freddy Krueger dans Les Griffes de la Nuit. Tenu par Neville Brand, vu dans Stalag 17 et Le Prisonnier d’Alcatraz , Judd se distingue par sa gueule ravagée et son look babacool à la dérive. Enfin, on retrouve aussi Marilyn Burns, la pauvre victime de Massacre à la Tronçonneuse, tout autant malmenée ici et qui pousse des hurlements à réveiller les morts! Si ce Crocodile n’atteint jamais les sommets d’épouvante attendus, il se présente comme le film de l’entre deux pour Hooper, trop attendu au tournant après le choc d’un premier long métrage si cultissime!
ANNEE DE PRODUCTION 1977.