Manny Balestrero est contrebassiste dans un night club dans les environs de New York. Marié, père de famille, il mène une vie paisible, même si les moyens financiers de sa famille sont très modestes. Un soir, en rentrant chez lui, il est arrêté par trois policiers, accusé d’avoir commis des hold ups dans une caisse d’Assurances et reconnu par plusieurs témoins…
Ce film à part dans la carrière d’Alfred Hitchcock n’est pas comme à son habitude une oeuvre de pur suspense, mais lorgne vers un réalisme précis désiré par le cinéaste. En effet, il relate l’histoire d’un citoyen moyen se retrouvant un jour victime d’une erreur judicaire terrible: pris pour un autre, il est arrêté, emprisonné, incapable de pouvoir prouver qu’il n’est pas le coupable des faits qu’on lui reproche. Dès lors, sa vie devient un véritable enfer, sa famille se disloque, sa femme tombe dans une profonde dépression et lui n’a que la prière pour espérer s’en sortir! Hitchcock restitue avec minutie les moindres détails de cette affaire, transformant ce fait divers « banal » en une tragédie humaine implacable. Ce thème du « faux coupable » hante une grande partie de sa filmographie, ce film ci repose en tout cas sur une authentique injustice, partant d’une ressemblance frappante entre deux hommes. L’auteur de Psychose s’intéresse au poids du destin, à l’inextricable piège dans lequel son héros se débat sans espoir de prouver sa bonne foi. Le noir et blanc accentue cette sensation de malaise ambiant, comme si des ténèbres avait englouti l’environnement de ces personnages démunis. Le scénario propose peu de rebondissements et s’en tient à une linéarité un peu atone, dénuée de surprises et qui manque de tonus: Hitch lui même considérait cet opus comme mineur.
Il faut tout de même saluer la performance d’Henry Fonda, parfait dans la peau de ce pauvre musicien innocent, voyant son monde s’écrouler et rester digne jusqu’au bout. Droit comme un I, sidéré par son arrestation totalement arbitraire, il rend sa situation convaincante. Face à lui, sa femme est jouée par Vera Miles, protégée du maitre qui prévoyait de la faire tourner dans Vertigo, et elle incarne la « folie » avec un remarquable sens des nuances. Certes, le « réalisme » social ne sied pas totalement au style de Sir Alfred et on est loin de ses grands chefs d’oeuvres , pourtant le film se suit sans déplaisir en posant une question cruciale: Et si ça m’arrivait à moi??
ANNEE DE PRODUCTION 1957