Dieu existe. il habite à Bruxelles, est un être odieux avec sa femme et sa fille. On a beaucoup parlé de son fils, mais très peu de sa fille. Sa fille, c’est moi, je m’appelle EA et j’ai dix ans. Pour me venger de lui, j’ai balancé par SMS les dates de décès de tout le monde depuis l’ordinateur d’où i contrôle le destin des humains et s’amuse avec leur sort…
Réalisateur de l’excellent Huitième Jour et de l’inégal Mr Nobody, le belge Jaco Van Dormael signe une comédie totalement excentrique où il propose une relecture incongrue de la religion catholique. Peu se sont risqués à toucher au sujet tant il est délicat de revisiter la Bible (surtout pour s’en moquer), mais justement Le Tout Nouveau Testament parvient à un détonnant mélange entre drôlerie, poésie et conte fantastique. Soulevant de bien pertinentes questions comme par exemple que faire des jours qu’il nous reste à vivre, le film impose son humour ravageur, son délire visuel constant (rappelant toutes proportions gardées l’univers de Jeunet), et par le biais d’un récit imprévisible déroule une bonne humeur aussi contagieuse que particulièrement efficace. Van Dormael ne fait pas de préchi-précha prosélyte (au contraire, il semble revendiquer en creux un athéisme profond) et grâce à ses gags nombreux (il fallait oser imaginer représenter Dieu comme un personnage grossier, sale et colérique) la pilule passe toute seule au gré des mini sketchs construits autour des nouveaux apôtres que la petite fille se met à chercher sur Terre. Sa voix off apporte une douceur inattendue dans cette distorsion de la réalité, jouant malicieusement à opposer le Bien et le Mal, jusqu’à user parfois d’un humanisme un peu « forcé », mais l’originalité du ton prend heureusement le dessus.
Le cinéaste belge convoque en prime un casting attrayant, dominé par la performance outrancière (bien que jubilatoire) de son compatriote Benoit Poelvoorde en incarnation déjantée de Dieu. L’enfant est joué par Pily Groyne, bien dégourdie du haut de ses 10 ans, croisant la route de François Damiens en tueur à gages ramolli par l’amour ou Catherine Deneuve elle même en épouse délaissée retrouvant la tendresse dans les bras d’un… gros gorille, renvoyant à l’idylle cinématographique légendaire de King Kong. Ce conte de fées iconoclaste charrie assez de fantaisie et d’imaginaire pour se laisser charmer, après tout il n’est pas si courant d’évoquer la religion avec une telle dose de loufoquerie!
ANNEE DE PRODUCTION 2015.