LE VOYEUR

Jeune technicien d’un studio de cinéma londonien, Marl Lewis souffre d’un déséquilibre mental dû à l’éducation de son père, un psychologue réputé. Ce dernier, en effet, a expérimenté sur son fils l’apprentissage de la peur. Mark en a gardé une fascination morbide pour le masque de la frayeur. Sa caméra munie d’une lame lui permet d’égorger ses victimes -toujours des femmes- tout en filmant leur agonie…

Oeuvre immense, maudite, rejetée par les critiques et boudée par le public (sûrement pas du tout prêt à voir la description d’un cerveau malade de manière aussi réaliste et frontale), Le Voyeur, est le portrait d’un tueur de femmes monstrueux, utilisant une caméra pour filmer leur agonie avant qu’une lame en métal ne sorte de son objectif et les égorge. La même année, Hitchcock et Psychose mettaient aussi en scène un déséquilibré mental avec une précision clinique, pourtant le britannique Michael Powell va encore plus loin dans l’épouvante en rendant le spectateur complice du voyeurisme malsain dont souffre le personnage principal. Pour lui, la sexualité, le désir, l’amour, la haine se confondent avec l’idée de mort et l’obsession de rendre la frayeur palpable et visible. Ce conte torturé, filmé en couleurs, agresse l’oeil par son procédé narratif malin, son suspense futé, la fascination exercée par la perversité des actes meurtriers totalement mis en scène (et renvoyant ainsi à une réflexion sur la fabrication et la consommation des images.) Powell prouve de façon éclatante qu’il est un réalisateur de génie, qu’il n’a nullement besoin de la contribution artistique d’Emmeric Pressburger avec qui il fit Le Narcisse Noir ou l’admirable Chaussons Rouges et qu’il maitrise la grammaire cinématographique avec un point de vue aiguisé. A la fois thriller et film fantastique, Le Voyeur revêt aussi un caractère mélodramatique évident avec la relation qui se noue entre Lewis et sa jeune voisine, amoureuse de lui jusqu’à en ignorer sa dangerosité et tentant de le sauver de lui même.

A mille lieux de son personnage d’empereur amoureux de Sissi dans la trilogie guimauve qui consacra Romy Schneider, l’acteur autrichien Karlheinz Bohm trouve là un rôle inquiétant à souhait, visage presque angélique pour des intentions foncièrement diaboliques, une composition qui marque à la fois une carrière et la condamne aussi à n’être réduite qu’à ce magnifique écrin. Ses partenaires féminines comme Moira Shearer déjà grande comédienne (et danseuse) des Chaussons Rouges ou l’anglaise Anna Massey qui sera une des victimes étranglées du Frenzy d’Hitchcock le secondent avec une conviction remarquable. Sorte de Jack l’Eventreur qui aurait trop regardé Un Chien Andalou, Le Voyeur de Powell n’ a eu de cesse d’influencer de grands noms comme De Palma ou Scorsese. Pas mal pour un « petit film anglais » condamné un peu trop vite à sa sortie et dont le culte d’aujourd’hui se justifie à 200%!

ANNEE DE PRODUCTION 1960.

 

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Une sommité du cinéma anglais, Michael Powell, a accouché d'une fable malsaine sur le pouvoir des images et sur un assassin fou de cinéma. Karlheinz Bohm inoubliable tueur dans la lignée de Norman Bates. Un immense classique.

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