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LES VISITEURS DU SOIR

Au mois de mai 1485, alors que le baron Hugues fiance sa fille Anne au chevalier Renaud, le diable envoie deux de ses créatures au château afin de « désespérer » les humains. Ces envoyés du démon prennent la forme de deux ménestrels: Dominique et Gilles. Ce dernier faillit à sa mission en tombant amoureux d’Anne…

Sacré réalisateur le plus important et le plus créatif des années 30 et 40, Marcel Carné tenta de continuer à tourner pendant la période troublée de l’Occupation et pour déjouer les pièges de la censure, imagina avec son scénariste attitré, Jacques Prévert, une histoire se déroulant au Moyen Age et placé sous le signe du fantastique, ou du moins de la fable poétique. Fable allégorique faisant indirectement référence à la Résistance menée contre les Allemands dans le pays au moment du tournage, Les Visiteurs du Soir retrouve d’abord la tendresse fleur bleue et la poésie populaire chère à Prévert, bâtie sur une idée simpliste: l’amour est plus fort que tout! Des aphorismes, des décors médiévaux, un caractère onirique retiennent l’attention, ainsi que des trucages faisant beaucoup d’effet (la jeune fille laide transformée en belle amoureuse, les amants changés en statues de pierre). Carné inclut aussi une séquence mémorable dans laquelle un bal d’apparat se fige pour permettre aux héros de vivre quelques heures « hors du temps » et éprouver de nouveaux sentiments. La parfaite maitrise du cadre et le soin apporté aux dialogues (comme ce sera le cas dans le chef d’oeuvre suivant, Les Enfants du Paradis) ont permis au film de rentrer dans la légende. Qui se cache derrière les traits maléfiques de ce Diable revenu sur Terre sinon l’envahisseur nazi? A qui peut on comparer le personnage d’Hugues sinon à Pétain, alors à la tête du pays et pactisant avec l’ennemi?

L’interprétation, bien que très belle, pourra apparaitre un peu « figée » de nos jours, Carné ayant insisté pour faire jouer ses acteurs de manière théâtrale et un peu atone, surtout Alain Cuny (plus habitué aux planches par ailleurs) et Arletty, loin de sa gouaille d’Hôtel du Nord incarne une des envoyées du Diable avec retenue. Diable dont s’empare le comédien Jules Berry, un peu oublié aujourd’hui, et qui se régale à imposer ses manigances et tourmenter les amoureux transis. Prévert aimait infiniment le merveilleux, Carné savait comme nul autre le mettre en scène et leur association fait jaillir ici un message d’espoir: nul doute que dans cette lutte contre le Bien et le Mal, les battements de coeurs entendus au final sont ceux de cette France occupée certes, mais encore debout!

ANNEE DE PRODUCTION 1942.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Une oeuvre importante de notre patrimoine: Carné et Prévert se servent du Moyen Age pour tisser ce conte fantastique et parler de l'Occupation allemande à mots couverts.

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