Une famille emménage dans une immense maison isolée, vendue par la mystérieuse Madame Aylwood, une vieille dame. D’étranges phénomènes se produisent dès l’arrivée de la famille, liés à un secret d’enfants gardé depuis des années et la disparation d’une jeune fille, Karen. Dans les bois alentours, une présence semble tapie, observant tout et tous…
Afin de renouveler son public et apporter sa marque au genre fantastique, le studio Disney se mit à produire des films plus adultes, comme Les Yeux de la Forêt. Avec ses faux airs de conte pour enfants (d’autant que les héros principaux sont justement deux jeunes filles de 10 et 16 ans), le film mêle le surnaturel, l’étrange et le macabre avec plus ou moins de réussite. Disons que le démarrage, alléchant, ouvre des pistes intéressantes sur une possible histoire de fantôme ou de revenant et ne va finalement pas dans cette direction par la suite. On retrouve les ingrédients bien connus du fantastique (une maison lugubre, un personnage de vieille femme à l’air maléfique, une nature boisée hostile, et surtout des phénomènes paranormaux), un suspense pas trop mal agencé adapté d’un roman de Florence Engel Randall. Mais, sûrement rattrapé par son désir de rester hors des sentiers de l’horreur et de ne pas perdre tout leur public fidèle, Disney freine des quatre fers et demande au réalisateur John Hough (auteur de La Maison des Damnés et d’Incubus) d’édulcorer les effets, d’opter pour un montage saccadé assez pénible pour la compréhension de l’intrigue et surtout foire totalement son dénouement. Versant dans une science fiction médiocre et à la limite du ridicule, Les Yeux de la Forêt frustre d’autant que son postulat initial recélait de vraies promesses. L’abus de références (Shining, Les Innocents, Amityville), ouvert sur la voie d’une maison hantée, trompe défavorablement le spectateur.
Quant au casting, il colmate les brèches avec la présence de deux stars de la grande époque hollywoodienne. Caroll Baker, ex Baby Doll de Kazan, joue la maman impuissante aux malheurs de ses deux filles. Et l’immense Bette Davis, 75 ans bien sonnés, incarne l’inquiétante propriétaire de la demeure, avec ses yeux terribles (la forêt n’a qu’à bien se tenir) et montre combien elle se fond dans tous les genres. Les deux jeunes actrices Lynn Holly Johnson et Kyle Richards, pour aussi mignonnes qu’elles soient, ne semblent pas tout à fait à leur aise. A voir à la rigueur par curiosité tout en gardant à l’esprit que la conclusion ratée donne surtout envie de…s’éclipser (sans mauvais jeux de mots!)
ANNEE DE PRODUCTION 1980.