Judith mène une double vie entre la Suisse et la France. D’un côté avec Abdel avec qui elle élève une petite fille, de l’autre avec Melvil avec qui elle a deux garçons adolescents. Peu à peu, cet équilibre fragile se fissure, à force de mensonges, de volte faces, de mystères. Prise au piège, Judith tombe dans une escalade vertigineuse.
Jusque là auteur de quelques longs métrages passés presque inaperçus comme Les Gouffres et Le Dos Rouge, Antoine Barraud retente sa chance avec ce film plutôt intéressant, contant la trajectoire d’une femme au trouble identitaire profond, menant une double vie, à coups de mensonges incessants et de chausses trappes incroyables. Nous sommes dans le domaine du drame psychologique, aux confins du thriller, et le mystère installé par le récit est habile, opaque, intriguant. Barraud compose une mise en scène séduisante, fluide, dans une ambiance un peu hitchcokienne, tout en injectant des éléments proches du cinéma de Lynch. D’une séquence à l’autre, le spectateur est dérouté par la tournure des situations, frôlant la folie et tutoyant même la psychiatrie. En prenant l’identité d’une morte, l’héroïne nous rappelle immanquablement la Madeleine/Judith (tiens! tiens! les mêmes prénoms en prime!) à Vertigo, ce qui n’est pas la référence la pire qui soit!
Sur une narration délibérément « confuse », toute en adéquation avec l’esprit de son personnage central, le film ne parvient pourtant pas complètement à convaincre, sans doute à force d’étrangeté ou de réponses tardives. De tous les plans ou presque, Virginie Efira compose une prestation fascinante qu’elle tient à bout de bras jusqu’à la dernière minute. Capable d’exceller dans tous les registres, elle prouve à nouveau combien elle est devenue une actrice incontournable. Madeleine Collins garde en soi un grand nombre de non dits justifiant les actes et les comportements de cette femme incernable et de ce point de vue, le film mérite largement d’être vu et va peut être permettre à Antoine Barraud d’en signer d’autres avec encore plus de maitrise.
ANNEE DE PRODUCTION 2021.
