La mondaine Marie Chantal monte dans le train qui doit la mener dans une station de sports d’hiver en Suisse, en compagnie de son cousin Hubert. Le destin en décide autrement. Avant d’être assassiné, un espion nommé Kerrien lui remet un bijou en forme de tête de panthère, dont les yeux sont de précieux rubis. D’autres espions surgissent alors de toutes parts pour s’emparer du bien. Marie Chantal protège le bijou à tout prix…
Au milieu des années 60, Claude Chabrol fut moins frileux que ses comparses de la Nouvelle Vague, Godard et Truffaut, pour tourner des films de commande lui permettant de se « faire la main » et de manier sa caméra à sa guise, tout en se servant habilement des références fameuses de sa cinéphilie. Ainsi, avec ce Marie Chantal (personnage créée par le danseur mondain Jacques Chazot), il peut en toute liberté proposer une parodie des films d’espionnage en vogue à ce moment là, notamment avec l’explosion des James Bond. L’histoire et le prétexte du bijou que tout le monde convoite n’a guère d’intérêt aux yeux de Chabrol qui s’exerce surtout à mettre en place les bases de sa mise en scène, rendant un hommage appuyé à l’un de ses maitres, Hitchcock, dont on peut reconnaitre des séquences directement empruntées à L’Homme qui en savait trop, tourné comme là au Maroc. Mais certains plans élaborés rappellent aussi le cinéma de Fritz Lang avec ses personnages troubles, ses profondeurs de champ, et son attrait pour le mystère en tous genre. Bien sûr, la comédie fait partie intégrante du pastiche, presque au même titre que l’action, et dans ce domaine, Marie Chantal contre Dr Kha ne faiblit pas au niveau de son rythme. Avec son aspect série Bis assumée, le film devient de plus en plus rocambolesque et farfelu au fur et à mesure de son récit, on comprend clairement qu’il ne faut bien entendu rien prendre au sérieux et se laisser porter tout simplement.
En héroïne ingénue rigolote, Marie Laforêt s’en tire agréablement, prenant des airs de fausse nunuche, face à un casting plutôt de bonne tenue: Charles Denner et Serge Reggiani prenant tous deux des accents invraisemblables (il est fort sympathique de les voir dans un registre léger), Francisco Rabal, acteur espagnol à la carrière éclectique semble aussi pas mal s’amuser, et enfin Stéphane Audran en veuve lesbienne à la classe intacte soutient tout ce beau monde. Si le résultat final ne se hisse évidemment pas au niveau des grandes réussites mémorables de Chabrol, il dispense en tout cas un moment distrayant, sans prise de tête: un « petit » film ayant obtenu une certaine réputation et qui compte son lot non négligeable d’adeptes.
ANNEE DE PRODUCTION 1965.