Un groupe de cinq amis, dont Sally et son frère handicapé Frank, se rend dans la campagne texane pour se recueillir sur la tombe d’un grand père et visiter une ancienne maison familiale. Ils tombent dans les environs sur ce qui semble être une maison abandonnée et deviennent les proies d’une famille cannibale dégénérée, prise d’une folie meurtrière…
Sorti de nulle part et mis au point par un tout jeune cinéaste du nom de Tobe Hooper, Massacre à la Tronçonneuse, petit film tourné avec très peu de budget, a tout simplement révolutionné le cinéma de genre et la sphère d’horreur en particulier. Inspiré d’un fait divers bien connu en Amérique (les méfaits sanguinaires du tueur en série Ed Gein, un type dont le passe temps favori était de déterrer les cadavres pour en faire des lampes ou pour se nourrir), le récit suit le parcours de cinq jeunes partis sur une route du Texas profond, en plein coeur de l’été, et sauvagement attaqués par une famille de cannibales. Plus psychologique que physique, la violence étire inexorablement sa force de frappe dans des séquences d’une rare brutalité. Pourtant, très peu de gore facile au programme, ce qui rend le tout encore plus dérangeant et malsain, surtout que Hooper n’a pas son pareil pour rendre réalistes les situations les plus extrêmes. D’ailleurs, avec sa caméra à l’épaule, le film s’apparente à un quasi documentaire, où la peur domine, où notre imagination est soumise à un chaos visuel et sonore (d’emblée avec le générique de début et ses images syncopées de corps en décomposition filmés en plans très rapides). Hooper met à nu la face cachée la plus horrible d’une Amérique oubliée, encore presque primitive, grâce à des décors super glauques (l’antre de Leatherface, le boucher avec son masque en peau humaine, dépeçant ses victimes, le salon où se déroule la scène finale du « repas de famille », et même les bois alentours particulièrement inquiétants).
Avec ses couleurs verdâtres et son grain « crasseux », Massacre demeure encore cinquante ans après une référence absolue par l’ingéniosité du récit (« survival » tout simple et diablement efficace, maintes fois copié depuis et jamais égalé). L’actrice Marilyn Burns passe la quasi majorité du métrage soit terrorisée, soit hurlante et bonne pour des traumatismes durables, renforçant là aussi l’authenticité de son calvaire. Titre modèle pour tous les futurs grands films d’horreur des décennies suivantes, cette oeuvre de Tobe Hooper (qui ne fit jamais mieux ensuite) a été interdite de diffusion en France durant plus de huit ans, jugé trop terrifiante par les censeurs. Et si effectivement, Massacre à la Tronçonneuse n’était pas le film le plus effrayant du cinéma mondial?
ANNEE DE PRODUCTION 1974.