A la Centrale de Rennes, les histoires croisées de dizaines de femmes incarcérées pour des délits plus ou moins graves, doivent cohabiter ensemble dans une promiscuité difficile.
La documentariste Charlotte Silvera se penche sur les conditions de vie de femmes, dans un milieu carcéral compliqué à gérer au quotidien. Le film dépeint leur proximité forcée, leurs rivalités, leurs affrontements, leurs connivences parfois. Le propos est dur, sombre, ayant le mérite de chercher constamment l’authenticité, de traquer le réel et de faire surgir des vérités, derrière les destins de ces femmes soit criminelles, soit voleuses, soit délinquantes. Silvera décrit l’enfermement, les privations, et la violence qui découle de ces incarcérations. Elle montre très bien combien elles sont coupées du monde extérieur, comment la Justice les a mises à part pour les punir de leurs actes. Il n’y a pas véritablement de scénario linéaire, on suit plusieurs petites histoires, ce qui peut donner une sensation de fil fragile, ténu, et justement le côté documentaire n’est jamais très loin. Cette plongée dans l’enfer de la prison pourrait procurer un sentiment d’étouffement, mais le désir de révolte et de combat permanent, nourri par les personnages, donne malgré tout un peu d’espoir.
Le point fort du film se situe dans son extraordinaire capacité à faire jouer ensemble des comédiennes d’horizon très différent. Ainsi, on croise aussi bien des actrices confirmées et dont le talent n’est plus à démontrer comme Marie Christine Barrault, Bernadette Laffont ou Annie Girardot (encore une fois superbe dans une composition étonnante), que des jeunes débutantes (à l’époque) comme Agnès Soral (intense d »émotion), Fanny Bastien ou Corinne Touzet, en détenue découvrant son homosexualité et tombant follement amoureuse d’une des plus anciennes prisonnière du lieu. Il se dégage dans la présence de chacune une grande sensibilité, sûrement grâce à la cinéaste douée pour sonder les âmes humaines. Si d’un point de vue global, ce film n’est pas exempt de défauts, il est en tout cas honnête et sans concessions.
ANNEE DE PRODUCTION 1988.