Léa et Kurt se rencontrent en vacances à Toulon. Retournés chez eux, ils se retrouvent tous les week ends chez la jeune fille en Savoie. Parallèlement, la police enquête sur le meurtre d’un policier, sur une série de cambriolages, des enlèvements et autres agressions s’étant déroulé dans la région.
Roberto Succo fut l’un des tueurs en série les plus insaisissables et les plus mystérieux de la décennie 80, d’abord patricide et matricide en Italie, avant de sévir sur notre territoire où il tua de sang froid six personnes dont des policiers. Le réalisateur Cédric Kahn s’empare de sa trajectoire pour tracer à sa manière un portrait en creux de cet homme à la folie presque fascinante, au parcours sanglant et chaotique, capable d’une violence extrême et imprévisible. Kahn choisit de relater cette odyssée criminelle sans porter de jugement, seulement en constatant des faits et en décrivant au mieux les mécanismes d’un esprit malade. Le « héros » tueur croise la route de plusieurs personnages, presque tous féminins, et le récit se déroule à travers leurs témoignages, leurs expériences vécues d’otages, de petites amies ou de victimes laissées miraculeusement en vie. Kahn ne veut pas d’un film policier conventionnel où il expliquerait la cavale, les motivations, les mobiles de Succo, au contraire il montre l’irrationnel, l’imprenable, car la personnalité de cet assassin fut tout le temps déroutante. La mise en scène, nerveuse et comme en étant d’urgence, sert brillamment de support à la tension du personnage titre, sans cesse en mouvement. L’autre excellente idée du script est de ne pas forcément montrer les crimes commis, mais plutôt leur « résultat »: sur des photos, les corps meurtris, mutilés restent abstraits et paradoxalement encore plus réalistes.
Pour incarner cet homme à la dangerosité dissimulée sous des dehors ordinaires, Cédric Kahn a donné le rôle à un jeune acteur italien, Stefano Cassetti, immédiatement impressionnant avec son regard bleu acier aussi troublant que dérangeant. Charmeur et séducteur, il bascule en une fraction de secondes dans un état pathologique tout à fait terrifiant. A ses côtés, Isild Le Besco, soeur de Maïwenn, trouvant là un joli rôle de jeune fille à la fois inconsciente et naïve, aveuglément amoureuse. En flic déterminé, Patrick Dell’Isola compose un personnage très crédible d’enquêteur, à mille lieux de ceux décrits dans les films américains. Roberto Succo réussit à capter quelque chose de la déraison, de l’indicible horreur. Sans nul doute, un des meilleurs polars de ces 20 dernières années.
ANNEE DE PRODUCTION 2001.