La vie du chanteur Elton John, de son enfance à son fulgurant succès planétaire…
Ce biopic, construit comme une comédie musicale, retrace le parcours de l’artiste Elton John depuis ses premiers pas jusqu’à ses débuts difficiles, ses rapports complexes avec ses parents, son ascension progressive vers la gloire, puis ses excès en tout genre (sexe, drogue, alcool). Avec le plus de véracité possible, Dexter Fletcher met en scène cette destinée hors du commun, rend compte du personnage excentrique qu’il dépeint, insistant pas mal sur ses failles d’enfance, ses addictions, et son profond sentiment de solitude. Le film pointe la métamorphose de Reginald Dwight, au départ tout jeune pianiste prodige mais timide, en un monstre de scène enflammant un public international. Rocketman marche sur les pas de Bohemian Rhapsody (le biopic consacré à Freddie Mercury, sorti un an plus tôt), se voulant d’abord un vibrant hommage à l’icône vivante. Là où le bât blesse inévitablement, c’est qu’Elton John lui même est derrière la production, a donc contrôlé absolument tous les aspects du récit, jusqu’à en édulcorer ou minimiser les points les moins reluisants (sur la drogue par exemple, le sujet n’est qu’effleuré), et a surtout empêché le réalisateur d’imposer vraiment sa personnalité. D’où un sentiment de bel ouvrage certes, mais quelque peu limité. La « folie » du personnage nous est largement servi sur un plateau, mais de façon finalement conventionnelle.
Peut on parler pour autant de déception ou de ratage? Pas du tout. Le film est assez exubérant pour capter notre attention, assez bien raconté pour ne pas nous perdre et l’acteur choisi, Taron Egerton, s’en tire très convenablement au niveau de son jeu (le rôle écrasant ne lui fait visiblement pas peur). Bien entendu, parmi les qualités indéniables, nous devons souligner l’utilisation de la musique comme pierre de voûte du projet, et la cascade de tubes de Sir Elton nous replonge avec un immense plaisir dans les quatre dernières décennies. Le plus touchant dans toute cette histoire vraie reste que le chanteur adulé par des millions de fans n’a hélas jamais obtenu l’approbation et l’amour de son père, créant en lui une blessure irrémédiable.
ANNEE DE PRODUCTION 2019.
