Le Capitaine Bellabre, redoutable mais vieillissant chevalier du roi de France, est ridiculisé lors d’un tournoi par un jeune inconnu, Pierre de Bayard. Les armées du roi doivent traverser le pays pour se rendre en Italie et conquérir le royaume de Naples. Bellabre prend Bayard sous son aile, espérant se venger…
Acteur venu du Splendid, Gérard Jugnot entreprend sa première mise en scène en 1984 avec Pinot simple flic, sympathique comédie franchouillarde qui rencontre un certain succès. Le voila reparti pour un second opus sans doute « trop » ambitieux: la comédie d’aventures. Situant son action en l’an 1494, Sans peur et sans reproche entend donner au film d’époque une allure burlesque inattendue, un ton décalé et faire figure de divertissement tous publics. Hélas, Jugnot semble avoir eu les yeux plus gros que le ventre et ce récit d’ascension insolente du chevalier Bayard se noie sous des répliques rarement drôles quand elles ne sont pas carrément imbéciles. La comédie exige un sens du rythme absent ici et le scénario navigue au petit bonheur la chance, sans but ni cadre bien défini. Bien sûr, la vision déglinguée des dessous de l’Histoire est à priori une idée séduisante et originale, sans compter que l’aspect « cape et épée » a connu de beaux jours au cinéma, mais parait démodée ou mal construite dans ce récit potache où Jugnot ne trouve pas vraiment la note juste. La chevalerie, montrée sous un angle décalée, nous arrache bien quelques rires, mais globalement, le tout se traine péniblement.
Sans Peur et sans reproche souffre aussi d’un casting inégal ou mal dirigé: notamment le jeune acteur Rémi Martin, insuffisamment bon pour incarner Bayard, ou Victoria Abril dans un rôle sacrifié et peu gratifiant. Jugnot lui même en fait des tonnes pour maintenir le film à la surface. Les partenaires ont davantage de poids: Roland Giraud en inquisiteur espagnol à l’humour scabreux, Gérard Darmon en écrivain homosexuel efféminé, Ticky Holgado et son accent mémorable jouant plusieurs rôles, ainsi que les courtes panouilles des copains du Splendid (Blanc, Balasko, Anémone, Lamotte). Cette louable tentative de mélange des genres s’est soldé par un cuisant échec, le film étant jugé ni réellement historique ni réellement comique. Un raté dans la carrière de réalisateur de Gérard Jugnot.
ANNEE DE PRODUCTION 1988.