Henry, psychanalyste à New York, propose d’échanger pour six semaines son luxueux appartement contre un pied à terre parisien. C’est ainsi que cet homme maniaque et renfermé se retrouve en plein Belleville, quartier vibrant et populaire. Chez Béatrice Saulnier, exubérante, qui de son côté débarque chez lui à New York…
S’éloignant pour une rare fois de ses prétentions stylistiques parfois pesantes, la réalisatrice Chantal Akerman semble avoir voulu se faire plaisir et se livrer à un exercice peu courant en France: la comédie romantique. Elle prend soin de placer son intrigue entre l’Amérique et l’Hexagone, avec ses deux personnages séparés par la langue et la distance, et qui vont se « connaitre » et s’aimer en occupant leur appartement respectif. L’idée aussi curieuse que charmante n’aurait pas déplu à Woody Allen, qui aurait pu y ajouter son style spirituel et léger. Avec Akerman, les choses sont plus compliquées et surtout beaucoup moins accomplies. Le script se traine en longueurs, la mollesse de la mise en scène ne venant jamais distiller un semblant de fraicheur à ce vaudeville sentimental soporifique. L’héroïne se fait passer pour une psy (l’occasion de quelques quiproquos avec la clientèle du vrai psy qui, lui, ne va pas oser révéler son identité!), bref des idées déjà vues ailleurs et en mieux! Ce Divan à New York croule sous les clichés et n’utilise même pas la bouillonnante ville de New York pour nous dépayser un peu de la grisaille parisienne.
Le couple Juliette Binoche/William Hurt ne serait pas trop mal assorti, à condition de leur donner davantage de scènes ensemble. Au lieu de ça, Akerman prend le parti de les filmer souvent chacun de leur côté, retirant toute possibilité de véritable osmose entre eux. Binoche possède heureusement la fougue et la folie de son personnage et l’incarne avec l’allant nécessaire, mais Hurt, lui, paraît s’ennuyer autant que nous ! Pas besoin de se lancer dans une longue psychanalyse pour se rendre compte que ce Divan repose sur des bases bien fragiles et surtout peu excitantes.
ANNEE DE PRODUCTION 1996