La mort soudaine et les funérailles de leur père amènent trois sœurs au domicile de leur mère, Violet, une patiente atteinte d’un cancer à la langue acide et qui prend des pilules à longueur de journée.
Les films dont le thème central tourne autour du credo « Famille je vous hais » parsèment le cinéma mondial et cet Eté à Osage County rentre tout à fait dans cette catégorie des drames tendus dans lequel des personnages d’une même famille se déchirent et règlent leurs comptes. D’après la pièce de l’auteur Tracy Letts, cette adaptation sur grand écran assume son aspect « théâtre filmé » avec pour seul décor une maison de campagne isolée de l’Oklaoma, où se joue l’essentiel de l’action. Avec son écriture plutôt fine et des dialogues ciselés, le film met en scène trois soeurs de retour chez leur mère malade (et accro aux médocs) à l’occasion de la mort de leur père et qui vont se lancer dans un déballage de rancoeurs mal digérées. Le script montre bien la complexité des rapports parents/enfants, les secrets enfouis et les vérités qui font mal ressurgir (notamment lors d’une mémorable séquence de repas). Le réalisateur John Wells a du mal à sortir du cadre restreint par son intrigue et se repose beaucoup sur le texte, au détriment d’idées de mise en scène assez limitées. Au milieu de ces disputes infernales, le spectateur peut par moments se « sentir voyeur », pourtant il y a également un petit quelque chose permettant de s’identifier à l’un ou l’autre des protagonistes, que ce soit dans ses travers négatifs ou dans ses côtés plus optimistes. Le refus du happy end et l’absence de musique « larmoyante » rend ce drame psychologique plus poignant, et en tout cas pas artificiel. Grâce évidemment aussi à une distribution haute gamme.
En mère désaxée et assez dure, Meryl Streep se donne à fond la caisse, à la limite de l’outrance (sans y tomber), face à Julia Roberts en fille déboussolée par son couple en crise et tentant de faire front face aux sarcasmes de sa mère. L’actrice de Pretty Woman témoigne d’un joli sens des nuances. Les autres interprètes (Ewan Mac Gregor, Chris Cooper, Juliette Lewis surtout) s’accordent parfaitement avec ce duel de comédiennes stars écrasant. Un été à Osage County n’a certes pas la dimension d’un très grand film, mais sa manière de pointer du doigt les dysfonctionnements familiaux peut parler à chacun d’entre nous et prendre ainsi un caractère universel.
ANNEE DE PRODUCTION 2014.
