PLUIE

Une prostituée, Sadie Thompson, échoue sur une ile isolée du Pacifique, en pleine tempête tropicale. Les pluies diluviennes ne cessent de s’abattre. Elle croise, outre de beaux marins à qui elle accorde ses faveurs, un missionnaire du nom de Davidson, austère et prédicateur moraliste. Il se met en tête de mener la jeune femme sur le chemin de la rédemption…

Après une version muette tournée en 1928 sous le titre Faiblesse Humaine avec Gloria Swanson, le cinéma s’empare de nouveau du beau texte originel de Somerset Maughan, décrivant l’affrontement entre une fille de joie et un missionnaire, autrement dit si l’on vulgarise, entre le Bien et le Mal. Cette Miss Thompson débarque sur l’ile de Pago, s’entend à ravir avec les marins et les soldats du coin et sème un trouble insupportable chez Davidson, droit comme un I, plein de principes, allergique aux pêchés corporels et dès lors se démène pour remettre la jeune femme sur les rails de la moralité et de la sagesse! Le script ne tient que sur cet enjeu là, autant dire qu’il regorge de dialogues à la fois sulfureux et de sous entendus grivois. Car le missionnaire brûle en fait de désir pour la belle, mais un désir tellement scandaleux et « sale » à ses yeux qu’il préfère le refouler et invoquer Dieu pour combattre ce Diable en talons hauts! L’opposition entre la morale et la débauche reste un thème intéressant bien sûr, sauf qu’ici il est parasité par de nombreux défauts. Pourtant réalisé par Lewis Milestone, l’auteur du très réussi A l’Ouest rien de nouveau et de la Gloire et la Peur, Pluie souffre carrément d’un traitement linéaire et d’un côté théâtral fatiguant et daté. Les décors, baignés d’obscurité, semblent vouloir signifier les ténèbres et les constantes averses de pluie renvoient à l’idée de « se purifier l’âme et le corps », mais tout est surligné au stabylo si maladroitement que la conversion mentale de l’héroïne ne passionne pas des masses.

L’unique raison de tenir la barre, c’est Joan Crawford, déjà connue après quelques incursions dans le cinéma muet, et qui écope du rôle de Sadie Thompson: elle est totalement fascinante en pute lascive, regard assassin, maquillée à la truelle et d’une vulgarité hallucinante. Le trait pourrait tourner à la caricature sans le talent d’interprétation de l’actrice. On ne peut en dire hélas autant de ses partenaires, tous moyens, voire faiblards comme Walter Huston, chargé d’incarner le missionnaire. Fait notable: le Code Hays, édité en 1934, garantissant la « bonne conduite morale » des oeuvres proposées au public américain n’aurait jamais accepté et validé cette Pluie, sur le seul prétexte que la prostitution en soit l’un des sujets centraux. Autre temps, autre moeurs…

ANNEE DE PRODUCTION 1932.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Adaptation maladroite et trop théatrale de la nouvelle de Somerset Maughan. Milestone croule sous les clichés et le sursignifiant. Seule Joan Crawford se tire fièrement de l'entreprise, envoutante Sadie Thompson.

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