MADEMOISELLE

Tout paraît paisible dans ce petit bourg de Corrèze, si ce n’est la venue saisonnière de bûcherons italiens. Et c’est pour l’un d’eux, viril et irrésistible, que l’institutrice du coin, vieille fille perverse et refoulée, brûle de désir. Lorsqu’une série d’incendies dévaste les fermes alentour, le beau Manou semble être le coupable tout désigné… Pourtant, c’est la jeune femme qui commet ces méfaits, insoupçonnable de tous!

L’anglais Tony Richardson, un des chefs de file du « New Cinéma britannique », a initié cet étrange film, en collaborant au scénario avec l’écrivain sulfureux Jean Genet. Portrait féminin en creux, description d’une campagne française isolée, où vivent une populace encline au racisme ordinaire, réflexion brute sur les névroses d’une refoulée sexuelle, Mademoiselle brasse tous ces thèmes de façon un peu brouillonne et fait la part belle aux interprétations les plus variées. Le script, ténu et sec, plonge jusqu’aux racines du Mal avec un certain réalisme, présentant  une héroïne  mal aimable, fermée, au visage dur. Pyromane, saboteuse, menteuse, cette institutrice en apparence sans histoires semble rongée par des désirs inavouables, inassouvis surtout, qui la mènent à se comporter comme une criminelle. Richardson sort l’artillerie lourde niveau mise en scène, utilise un noir et blanc crayeux, élabore des images souvent baignées d’obscurité comme pour souligner l’âme sinistre de cette femme sadique. Assez peu de dialogues, beaucoup de symboles signifiants (le serpent autour de la taille du bûcheron renvoie au pénis), et une tendance à faire du « naturalisme » façon Nouvelle Vague.

Mademoiselle est incarnée par Jeanne Moreau, pierre angulaire et fondement crucial de cette intrigue malsaine, alors au faite de sa gloire et jouant beaucoup avec sa moue, ses traits sévères, son regard obsédant et obsédé. Richardson suit Genet dans le final hasardeux d’une orgie d’amour, à l’issue de laquelle la femme déclare à tout le village qu’elle a été violée par cet étranger que tous détestent déjà! Un film déplaisant, scandaleux en son temps, aujourd’hui il semblera plus « inoffensif ». Il y a fort à parier qu’un cinéaste tel que Pasolini ou Fassbinder aurait rendu ce sujet bien plus dérangeant.

ANNEE DE PRODUCTION 1966.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Jean Genet a imaginé une histoire d'institutrice refoulée et sadique que Richardson met difficilement en scène. Un script étrange surtout valable pour l'intense Jeanne Moreau.

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