Pour épier son amant Ludo, Claire, la cinquantaine, se crée un faux profil sur les réseaux sociaux et devient Clara, une jeune fille de 25 ans, au physique de rêve. Alex, le meilleur ami de Ludo, est immédiatement séduit. Dans l’engrenage de son mensonge, Claire tombe aussi sous le charme du jeune homme. Si tout se joue dans le virtuel, les sentiments sont bien réels.
Safy Nebbou avait signé un très beau film intitulé L’empreinte de l’Ange, où il était déjà question de faux semblants, de mensonges et de dissimulation. Ce drame « sentimental » se situe très proche d’un thriller avec son récit à tiroirs nous plaçant rapidement dans la peau de cette héroïne, dépassée par son envie de plaire, de séduire, car refusant son âge réel. Bien ancrée dans notre époque actuelle avec le virtuel comme élément fondamental de notre quotidien, Celle que vous croyez capte l’air du temps, notre société ultra connectée, notre capacité à vivre nos vies par procuration à travers des écrans plutôt que de nous confronter à la triste réalité. Le film est aussi la confession (presque face caméra) d’une femme face à sa psychanalyste, la seule à qui elle avoue avoir truqué son identité pour verser dans un monde d’illusions totalement dévorant. Le scénario nous balade savamment pendant plus d’une heure, avant de multiplier les rebondissements avec trop d’outrance pour ne pas finir par perdre un peu le spectateur en cours de route. Nebbou dresse un joli portrait féminin, tout en nuances et plus complexe qu’on le croit au début, et le film trouve sa force dans ce second thème finalement. Celle que vous croyez est l’adaptation d’un roman de Camille Laurens, lui même l’occasion d’une réflexion sur les ressources humaines et les « liaisons dangereuses » nouées sur les sites Internet.
Avec son réalisme psychologique un peu trop appuyé, Safy Nebbou ne réussit pas complètement son tour de haute voltige scénaristique, même si l’ensemble ne manque pas d’atouts. En premier lieu, son actrice principale, Juliette Binoche, que l’on avait pas vue depuis longtemps aussi lumineuse, dans un rôle pourtant non dénué de zones d’ombres. Elle irradie qu’elle soit l’amoureuse absolue, la patiente désespérée, la menteuse pathologique. Face à elle, Nicole Garcia tient son personnage de thérapeute déroutée et inflexible d’une main de maitre, raide et sèche juste ce qu’il faut. Enfin, François Civil campe le jeune homme attiré dans les filets de l’héroïne et obnubilé par l’image d’une fille qui n’existe tout simplement pas. Si la deuxième partie avait conservé la subtilité de son démarrage, le jeu aurait été plus harmonieux. Pas de quoi se priver de cette histoire singulière pour autant!
ANNEE DE PRODUCTION 2019.
