Anna, veuve depuis 10 ans de son mari Sean, est sur le point de se remarier après un deuil difficile. Son nouvel homme, Joseph, l’aime et compte bien la rendre heureuse. Or, un soir, alors qu’ils reçoivent des amis, un tout jeune garçon de 10 ans, se faisant appeler Sean, se présente à eux, clamant qu’il est la réincarnation de son défunt mari…
Le scénario de ce film étrange est signé d’un des plus fameux écrivains scénaristes de ces dernières décennies, Jean Claude Carrière, qui collabora notamment avec des pointures comme Malle, Oshima ou Bunuel. Il évoque ici le thème de la réincarnation, un sujet délicat car il fallait tenter de bousculer les idées reçues et faire bouger les lignes du rationnel, afin de faire accepter ce récit atypique. Birth se déroule entre incrédulité des personnages confrontés à quelque chose qui les dépasse et au renversement des certitudes progressif de l’héroïne, prise entre le sentiment de deuil et d’amour. Ce drame « surnaturel » alimente un trouble persistant, nous plongeant aussi dans une croyance que certains jugeront bêtement illusoire, mais la force du cinéma permet ici de la rendre tangible, palpable. Aux commandes, le futur réalisateur du fantastique Under the Skin, Jonathan Glazer, use d’une mise en scène un peu trop distanciée, qui « affadit » le propos, voulant sûrement éviter le scabreux dans lequel aurait pu tomber cette histoire d’amour entre une femme de 35 ans et un garçonnet de 10 ans. Au delà de la possible réincarnation, le film relate surtout l’oubli impossible, l’incapacité de reconstruire sa vie après une mort brutale, avant de verser hélas dans un final aux explications artificielles.
Ce qui rend l’ensemble quelque peu palpitant, du moins attrayant, c’est le casting: dans des rôles secondaires, Lauren Bacall et la regrettée Anne Heche sont impeccables, le jeune enfant est interprété par Cameron Bright dont le visage impassible et captivant compte pour beaucoup dans la crédibilité de son personnage. Et la pierre angulaire revient à Nicole Kidman, alors au faite de sa carrière pleine de choix judicieux, et qui offre son visage bouleversant à l’oeil intraitable de la caméra. Cheveux courts, les yeux très expressifs, son jeu subtil nous donne envie de la suivre dans son tourment intérieur. Birth a beau ne pas être totalement convaincant, l’histoire qu’il nous raconte s’avère assez intéressante et originale pour capter notre intérêt.
ANNEE DE PRODUCTION 2004.
