Soutenu par sa nouvelle compagne, Antoine, un quarantenaire en crise existentielle, s’interroge sur les circonstances mystérieuses de la mort de sa mère, survenue trente ans plus tôt. Elle se serait noyée sur l’Ile de Noirmoutier. Il mène sa propre enquête, se rendant vite compte de lourds secrets au sein même de sa famille, notamment entretenu par un père « fermé » et une soeur cadette exaspérée par ce passé pas tout à fait net…
En 2004, le réalisateur français François Favrat connaissait le succès le plus notable de sa carrière avec son premier long métrage emmené par le duo Jaoui/Viard, Le Rôle de sa vie. Plus de dix ans après, il adapte le roman de Tatiana de Rosnay, devenu un best seller, et en tire un drame familial où il met à jour le poids de secrets longtemps enfouis, de non dits rongeant les membres d’une famille à la fois endeuillée par la mort d’une mère et par un déni pesant. Il installe son récit par flash backs, apportant des indices progressifs à l’enquête menée par le héros principal, en quête de réponses pour se construire un avenir plus serein. Mené comme un thriller de bonne tenue, Boomerang traite du lourd héritage du silence imposé à des enfants devenus des adultes forcément en souffrance, l’exploration des fêlures humaines se trouvant au centre d’une intrigue par ailleurs bien écrite. Le défaut majeur du film réside dans sa mise en scène: en effet, Favrat ne donne pas suffisamment de chair à son style et ressemble à bien des égards à une fiction « télévisuelle », progressant de manière maladroite et un peu éparpillée. Certains personnages comme la nouvelle fiancée d’Antoine ne sont pas assez fouillés et ne semblent pas « essentiels » aux enjeux dramatiques.
Au niveau de l’interprétation, Boomerang peut dire merci à Laurent Lafitte. Tout en nuances, il rentre dans la peau de cet homme pétri de doutes et en perpétuelle quête de sens et fait une très belle composition d’acteur. A ses côtés, Mélanie Laurent incarne sa soeur avec la fragilité et la force que possédait le personnage du roman, partagée entre son envie de vivre pleinement son présent et celle de clarifier son passé d’orpheline. Quant aux seconds rôles, on retrouve Audrey Dana (charmante), Vladimir Yordanoff en père hostile et Bulle Ogier très convaincante en grand mère à la franchise « douteuse ». Ce joli film, certes imparfait, rappelle combien nos actes passés se répercutent tôt ou tard dans notre vie, surtout quand ils n’ont pas été assumés et digérés.
ANNEE DE PRODUCTION 2015.
