AccueilCritiquesDrameCEREMONIE SECRETE

CEREMONIE SECRETE

Léonora, une prostituée d’âge mûr, se rend sur la tombe de sa petite fille, morte noyée à 10 ans. Elle est suivie par une étrange jeune fille, Cenci, qui l’entraine dans sa somptueuse demeure, la « prenant » pour sa mère, récemment décédée. Léonora se laisse prendre au jeu et s’aperçoit combien Cenci est mentalement perturbée…

Auteur de grandes oeuvres marquantes telles que Eva, The Servant ou Le Messager, Joseph Losey eut souvent maille à partir avec la critique qui lui reprochait un manque de « cohérence » dans son cinéma, lui qui connut aussi les foudres de l’Amérique lorsqu’il refusa de témoigner à la Commission des Activités anti américaines, au moment du maccarthysme. Cérémonie Secrète accentua encore plus la singularité de ce réalisateur, intellectuel, esthète réputé, adorateur du théâtre de Brecht et qui signe là une oeuvre pour le moins étrange, dans laquelle il fait se confronter les névroses de deux femmes, chacune enfermées dans un deuil impossible (l’une a perdu sa fille, l’autre sa mère). Un jeu de dupes se met en place dans ce quasi huis clos (pour la majorité des scènes): le décor baroque de cette grande maison victorienne, jouant presque un rôle à part entière, emprisonne ses personnages se livrant alors à une relation destructrice, malsaine et pourtant hypnotique à la fois. Losey traite de transferts, de culpabilité et même d’inceste dans ce récit complexe proche d’Henry James: d’ailleurs la psychologie tortueuse frôle constamment  le fantastique dans une atmosphère étouffante et profondément macabre. Losey avait décrit son film comme l' »étude lyrique d’une destruction », il est vrai que chacune des femmes sont en même temps victimes et bourreaux, cherchant à posséder ou dominer l’autre par tous les moyens, à l’instar des deux hommes de The Servant. Ce duel féminin, fascinant et intriguant, fonctionne par symbolismes et ne livre pas toutes les clefs de son inépuisable mystère.

Hanté par le binôme Elisabeth Taylor/Mia Farrow, aussi séduisant qu’obscur, Cérémonie Secrète est adapté d’une courte nouvelle de l’italien Marco Denevi, friand de surnaturel et de psychanalyse, ce qui se ressent immédiatement dès le prologue. Le montage haché et la musique dissonante (mélange de bruitages et de ritournelles de boite à musique) confortent cette sensation de cloisonnement d’un film qui se « referme » sur lui même. L’actrice de Cléôpatre incarne cette ex prostituée malheureuse et inconsolable face à la jeune comédienne star de Rosemary’s Baby, sorti un an plus tôt, retrouvant là un rôle de femme mentalement dérangée. Robert Mitchum joue le beau père coupable d’agression sexuelle avec sa présence inquiétante, renvoyant directement à La Nuit du Chasseur. Losey fut de nouveau incompris avec ce cauchemar pervers et le public le bouda. Sans doute est il temps de réparer cette injustice!

ANNEE DE PRODUCTION 1969.

 

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Un drame psychologique touffu, original, où deux femmes imbriquent leurs névroses dans un décor suffocant. Losey signe là un de ses films les plus incompris. Liz Taylor et Mia Farrow tandem troublant.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Latest articles

Un drame psychologique touffu, original, où deux femmes imbriquent leurs névroses dans un décor suffocant. Losey signe là un de ses films les plus incompris. Liz Taylor et Mia Farrow tandem troublant. CEREMONIE SECRETE