EVA

Tyvian Jones est un écrivain de passage à Venise, à l’occasion du festival du film où son livre a été porté à l’écran. Promis à Francesca, une italienne qui est folle de lui, il rencontre Eva, une française qui a décidé de jouer à la courtisane moderne…

Un an avant sa consécration mondiale avec son meilleur film The Servant, Joseph Losey adapte (à sa sauce) le roman de Série Noire de James Hadley Chase Eva et en tire une lecture moins « thriller » que drame, qu’il situe dans le Venise du début des années 60. Autant être honnête d’emblée, cette oeuvre qui compte parmi les préférées de son auteur apparait plutôt comme un film en demi teintes. D’abord par son scénario, tenant sur un confetti et aux allures « peu développées », ensuite par sa mise en scène glaciale que Losey ne semble pas totalement maitriser, enfin par un côté Antonioni un peu énervant. En effet, la vacuité des personnages et l’incommunicabilité entre eux rappelle fortement La Nuit ou L’Aventura, deux des films les plus célèbres du « maitre » italien. Eva est dès lors encombré par une sophistication nuisant à l’intérêt qu’on y prend. Et pourtant… le film possède aussi de réelles qualités qu’il faut souligner et saluer: en premier lieu, un noir et blanc admirable dû au chef opérateur Pasqualino De Santis (le cadreur qui travaillait à l’époque pour… Antonioni, tiens tiens!!), les images d’une Venise hivernale presque fantasmée et présentée comme un véritable personnage à part entière avec son architecture si particulière et les titres de Billie Holiday que l’héroïne se passe en boucle sur un pick up posé à même le sol. Et puis, bien entendu son actrice vedette…

Losey magnifie le charisme impressionnant de Jeanne Moreau (alors au top de sa gloire) et dans le rôle de la femme fatale et cruelle, l’actrice se délecte d’humilier et de rabaisser celui qu’elle a pris dans ses filets, le « faux » dandy joué par Stanley Baker (assez raide dans sa composition). Moreau n’a sûrement jamais été aussi bien mise en valeur qu’ici: lascive, sensuelle, à la fois dans un abandon total et dans une maitrise parfaite de la caméra. On retrouve quelques thèmes récurrents dans l’oeuvre de Losey (la domination, les rapports de force), cependant Eva ne convainc pas totalement dans la peinture amorale qu’il fait de ses êtres vides, à mille lieux de tout sentiment. Si le réalisateur du Messager n’avait pas à ce point usé d’un esthétisme glacé, Eva aurait pu davantage séduire public et critiques.

ANNEE DE PRODUCTION 1962.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Une demi déception pour ce Losey: un récit maigrichon, une réalisation maniérée que rattrapent de belles images en noir et blanc. Venise et Jeanne Moreau font heureusement partie du voyage.

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